Leçon des Ténèbres

 

Retour Le poids le plus lourd

 

 

 

Désespoir

Pourquoi cette prédilection pour ce moment si particulier de la liturgie catholique, qui m'est par ailleurs si étrangère ? Christ mort, l'homme est seul, et le restera jusqu'à la résurrection.

Le rituel ici montré, austère comme seul Port Royal pouvait le priser, de l'enfant de chœur éteignant une à une les cierges symbolisant les quatre lettres du nom du Très Haut, a quelque chose de la descente aux enfers, de cette victoire des ténèbres tout entière prédisposée à l'angoisse.

Marque de l'irréparable, victoire de l'absurde comme si dès lors plus rien ne pouvait avoir ni de sens ni de lueur.

Le chemin, subitement n'offre plus d'horizon où errer encore, la voix ne porte même plus nos dissonances et l'oreille peine à scruter l'ultime écho que ne réverbère même plus nos suppliques. Il y va ici plus que de la peur sur quoi ironisera un Nietzche. C'est bien le poids le plus lourd qui excède la solitude, où se repaît la faute !

La promesse ne fait rien à l'affaire qui soulagera les maux sans les effacer jamais ! La colère de Moïse, redescendant du Sinaï tonne encore !
La chrétienté vit de cette culpabilité où elle replonge d'autant plus volontiers ses ouailles qu'elle aime panser les plaies béantes !

N'oublier jamais pourtant cet apex hyperbolique où l'obscurité condamne l'homme à n'être que lui-même, ce point insaisissable où devant la nuit, l'ultime lueur cède et succombe.

Comme une simple promesse d'humilité !