Le rêve de Kant

 

L’homme toujours sembla de peu d’intérêt, masqué qu’il fut par la pierre philosophique qu’il interposa entre nous et lui. Sans doute n’aurons-nous de cesse d’achopper sur les aspérités des trois critiques, et, chacun, croyant honorer la promesse faite à Descartes, d’au moins une fois dans sa vie tout recommencer à zéro, crut voir dans son œuvre le nœud de la modernité, un terrain où se battre, un horizon où réinventer le sens

Mais l’homme, pourtant devait bien rêver !


L’histoire raconte peu sur son compte sinon l’aride méticulosité avec laquelle il ordonnait son maigre périple : de sa chambre, où, matin, il noircissait les feuilles de sa critique, à l’université où il dispensait son sacerdoce, en passant par ce jardin, où, à midi, toujours, avec la régularité avaricieuse du chronophage, il respirait cet air que son logis de célibataire, ranci par l’âge, lui mesurait chichement.
Une fois seulement, il défia ses habitudes, nous dit-on, pour aller prendre des nouvelles de la bataille d’Austerlitz. La passion pratique, dut bien un peu itroubler notre homme !

J’y vois comme une faille, non de l’homme mais de l’iconographie. Oui ! assurément, cet homme-là devait bien rêver.

Mais de quoi ?