Confiance

Confiance

Cette crise, tant scolaire qu’universitaire, traduit deux réalités inquiétantes : un réel désarroi des personnels de l’éducation devant les incessantes offensives gouvernementales ; un profond manque de confiance entre les différents acteurs !

Soupçons

Des rencontres entre DGES et ADIUT aux entretiens accordés aux délégations étudiantes ou enseignantes ; des réformes abandonnées par Darcos aux engagements pris par le Ministère ou aux consolantes paroles de V Pécresse, comment y voir clair, comment être certain que telle périphrase ou tournure alambiquée, telle périphrase ou ambigüité  ne cachent pas une ruse aujourd’hui, une tromperie demain, un retournement bientôt ! Comment savoir si la parole donnée n’est pas subtil mirage ou brutale trahison ! On en est là ! Et c’est bien triste ! Pour nous ! Pour l’Université ! Pour notre démocratie !

Entre bravade et vérité

Au risque de paraître naïf, comment ne pas rappeler qu’il n’est pas de système, logique ou social, qui ne suppose un principe, un axiome sur quoi il repose, qui le fonde et rend possible ; qui demeure irréfragable !

Que notre système ne fonctionne correctement que si ses fondements sont assurés de suffisamment de transparence, comme on dit, dorénavant, c'est-à-dire de vérité ! Le système financier, ainsi, exige la sincérité des comptes : c’est, au reste, la première chose que l’on apprend à nos apprentis gestionnaires Il n’est pas de procès aux assises qui ne suppose prestation de serment – le célèbre Vous jurez de parler sans haine et sans crainte, de dire toute la vérité, rien que la vérité. Levez la main et dites je le jure. - . Il n’est pas de république, et donc pas d’organisation démocratique, sans que la parole, l’engagement, le projet, pour pouvoir devenir communs, ne doivent être publics, c'est-à-dire publiés ; c'est-à-dire sincères !

Les pratiques traditionnelles l’attestent encore par où donner sa parole suffit amplement sans qu’il soit besoin de la consacrer par un contrat parce qu’elle vaut engagement en elle-même ! Lointain souvenir de son étymologie – le logos rassemble, réunit – ou de son usage biblique – le logos initial est ceci même qui met de la lumière où il n’était qu’ombre et désordre ? toujours est-il que le Verbe inaugure et ordonne !

Nous nous sommes habitués depuis longtemps en politique aux mirages de la communication, aux délices de la propagande ; aux sirènes de l’aplomb ! Les promesses n’engagent que ceux qui y croient ! entend-on parfois dire ! Et le mensonge peut régner, et le soupçon avec lui ! Ce que l’on soupçonne, c’est ce que l’on toise, de bas en haut, c’est à proprement parler lever les yeux au ciel ! Ce que l’on devrait pouvoir admirer parce que le regard s’élève, mais qu’on ne parvient plus qu’à défier !

J’aime à me souvenir que la confiance est à la fois l’espoir que l’on met en quelque chose ou quelqu’un mais aussi la témérité voire l’insolence ! C’est qu’elle brave apparences et illusions, parce qu’elle fonde la certitude ! Confiance voisine ainsi toujours avec courage comme si elle était la forme que dût prendre la relation à l’autre ou qu’elle formât cette jointure entre cœur et tête où Platon entrevoyait les prémisses de la philosophie ! La sortie de la caverne !

On ne gagne rien, jamais, à substituer à la parole donnée, l’habileté du prestidigitateur ! C’est vrai, la confiance voisine toujours avec la foi, l’opinion, la doxa ! Mais l’illusion ne peut perdurer que si l’on ignore que l’on ignore ! Malaisément sortis de la caverne, tout éblouis encore, nous sentons, à défaut de toujours savoir, qu’il n’est plus là que spectacle ! Or du spectacle, le public est exclu, qui admire peut-être, mais ne participe jamais ! Mais le trop habile rhéteur a beau jouer les saltimbanques de music-hall, nous ne pouvons plus que nous amuser de son habileté !

Nous savons que ce n’est qu’un truc, qu’une illusion.

Qu’un spectacle ! Et il est mauvais !