8 Mai 45
Celui-ci, contrairement à celui de Novembre laisse une trace décidément moins claire, moins forte alors même que cette victoire sur l'hydre eût du lui conférer une dimension universelle que pourtant elle ne sut jamais prendre.
C'est qu'à tout prendre cette guerre résume toutes les ambiguités de ce siècle, toutes les veuleries aussi de nos dirigeants.
Celles de l'immédiat avant-guerre qui empêchèrent tant la France que le Royaume-Uni de prendre à temps les mesures qui eussent évité cette folie meurtrière; celles de la collaboration bien sûr que notre pays assume si mal, si lentement mais qui fit aussi que longtemps on appela cette guerre 39/40 et non 39/45 parce qu'effectivement, si elle fut moralement catastrophique, elle fut militairement tellement peu meurtrière qu'elle passa longtemps (encore?) derrière 14/18. Celles de l'après-guerre qui, pour effacer la honte, exacerba la gloire de la résistance et méconnut longtemps la réalité du génocide.
Ce 8 mai fit-il un moment de joie , Oui assurément même s'il fut terni dès qu'il se sera agi d'accueillir - et parfois bien tardivement - les survivants.
Car ce 8 mai c'est aussi le temps des ambiguités. Le temps qui s'ouvre est celui, fugace des espérances, celui de l'esprit de la résistance qui définira un modèle social que l'on est en train de détruire définitvement.
Mais pour certains, ce temps est encore celui de l'avant.
Comment ne pas songer au massacre de Sétif ? Comment ne pas penser au pogrom de Cracovie ? en Août ... trois mois après la chute du nazisme.
Non ! décidément ce jour ne vaut rien qui mérite de céder à l'enthousiasme.
L'europe détruite se reconstrusit un autre avenir à l'ombre d'autres maîtres... j'attends encore qu'elle recouvre sa colère !
Survivants
Sous la grandiloquence tellement datée des commentaires de l'époque, pointe l'incapacité à comprendre l'exterminntion qui vient d'avoir lieu.
Les déportés y sont des résistants ayant porté haut la glore de la France... rien de plus.
Certes les déportés rentrèrent plus tard; certes ils se turent incapables d'exprimer ce qu'ils vécurent, les mots n'existant pas pour penser cet au delà de l'humanité; certes ils comprirent vite qu'il ne serait pas d'oreille non plus pour les entendre, trop empressées de passer à autre chose ... trop rapetassées d'elle-mêmes .... mais en même temps incapables de comprendre cet extraordinaire-là !
Ceux-là étaient passés de l'autre côté de l'humain, dans l'indicible et je me surprends parfois à soupçonner cet étrange paradoxe que dans cet au delà de l'humain ils retrouvaient leurx bourreaux qui, eux aussi, avaient franchi cette irréfragable frontière.
Silence orchestré ou silence subi .... C'est pour cela que seul importe la parole !
Il nous faudra longtemps pour comprendre ce qui s'était passé .... tellement longtemps ...
Trop longtemps !
Parviendrons-nous seulement à jamais le dire ?