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Le risque de faillite d'un Etat européen hante les marchés

Doutes croissants sur la solvabilité de l'Irlande L'Allemagne inquiète pour l'avenir de la zone euro

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L'annonce d'un sauvetage de l'Irlande n'a pas eu l'effet espéré. Loin de s'apaiser, les craintes d'une contagion de la crise au Portugal et à l'Espagne semblent plus vives que jamais. Alors que les négociations se poursuivaient à Dublin sur les modalités d'un plan d'aide de l'Europe et du Fonds monétaire international (FMI), l'euro a plongé sous la barre de 1,34 dollar, mardi 23 novembre, son niveau le plus faible depuis deux mois.

Les déclarations alarmistes de dirigeants européens ont alimenté les tensions. La chancelière allemande, Angela Merkel, a jugé la situation de la zone euro " extrêmement sérieuse ".

Pour son ministre des finances, Wolfgang Schäuble, qui s'exprimait mardi devant les députés allemands, c'est même " l'avenir de la monnaie unique qui est jeu ".

La défiance des marchés s'accentue à l'égard des Etats " périphériques " de la zone euro, confrontés à une flambée de leurs coûts d'emprunts. Le Portugal, qui peine à réduire son déficit public et souffre d'une croissance atone, apparaît désormais aux yeux des marchés comme le prochain pays susceptible de réclamer le soutien financier de l'Union européenne et du FMI.

Fébrilité

Même l'Espagne, plutôt épargnée ces dernières semaines, suscite une inquiétude accrue. Elle n'a pu placer des bons du Trésor, mardi, qu'à des taux élevés, presque multipliés par deux par rapport à sa dernière émission du même type, en octobre. Les effets de la crise irlandaise " se sont étendus " de manière " rapide " et " se sont fait sentir " sur la dette espagnole, a reconnu le gouverneur de la Banque d'Espagne, Miguel Angel Fernandez Ordonez.

A 4,9 %, les taux d'intérêt à dix ans du pays sont presque deux fois plus hauts que ceux de l'Allemagne (2,6 %), référence de la zone euro. Le prix du " CDS " espagnol, ces contrats d'assurance contre le risque de défaut d'un Etat, atteint son plus haut niveau historique. Les investisseurs s'interrogent : que se passera-t-il si l'Espagne, dont le produit intérieur brut (PIB) est six à sept fois plus important que celui de l'Irlande, demande de l'aide ? Les fonds européens y suffiront-ils ?

La situation des finances publiques espagnoles est loin d'être aussi calamiteuse qu'en Grèce ou en Irlande. " Un abîme nous sépare de l'Irlande ", a assuré, mercredi le secrétaire d'Etat à l'économie, José Manuel Campa, dans le quotidien El Pais. Mais le pays, plombé par sa crise immobilière, affiche une croissance en berne et un taux de chômage à 20 %, le plus élevé de la zone euro.

Cette fébrilité a fait dévisser les places financières européennes, mardi. La Bourse de Madrid a cédé 3,05 %, celle de Dublin 3,37 %.

L'attention des investisseurs se focalise sur l'Irlande, qui devait dévoiler, mercredi, le détail d'un plan d'austérité de 15 milliards d'euros sur quatre ans. Mercredi matin, l'agence de notation Standard &Poor's a abaissé de deux crans , de "AA-" à "A", la notation de la dette publique à long terme irlandaise .

Marie de Vergès

© Le Monde

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