Le paradis, à coup sûr, ressemble à une bibliothèque affirmait Bachelard. C'est, incontestablement à lui, à cette délicieuse phrase que je songeais en retrouvant ces photos de Dumézil. Ceci m'avait déjà frappé en voyant à l'époque son interview par Pivot; cela devient évident désormais !
Des vieux rabbins ratiocinant à en perdre haleine sur le souffle du verbe ou des évêques disputant de la nature du Père à force d'anathèmes à ce vieil intellectuel, il n'y a pas finalement de grande différence. Ensemble ils croient à la magie de la lettre, au sacré du sens! Ensemble ils nous réinventent un monde. Un monde emboîté comme des poupées russes où le moindre texte renvoie à d'autres qui eux-mêmes interprètent ces derniers et ainsi de suite ... à l'infini . J Désormais la bibliothèque est virtuelle que chacun peu quérir à l'envie ; jamais le savoir ne fut aussi accessible, ne fut aussi peu saisissable. Le vieil homme presque écrasé par sa monumentale bibliothèque semble pourtant la dominer: de l'humble tolérance de celui qui sait que le chemin de la connaissance ôte bien plus de certitudes qu'il n'apporte de convictions. Car elle est là sans doute la grande différence entre les clercs et l'intellectuel: ceux-là ont fréquente tentation à la proscription quand celui-ci prudemment suppose sans jamais imposer. Il y avait quelque chose de cela dans le nom de la Rose d'U Eco : l'ordonnancement labyrinthique qui cache en même temps que révèle l'objet même de la quête. Nos imaginaires aiment à supposer un livre interdit, un secret, quelque chose comme une vérité enfouie sous les décombres de ces pages entremêlées |
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