Paradoxe du menteur

 

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De l'essence du paradoxe

M'ont toujours séduit ces formes logiques, si aimablement poussées à l'extrême qu'elles semblent épuiser les ultimes ressources de la raison roide. J'aime que Kant en pensât les fondements et bée encore devant les antinomies.

Piètres, ces sentences qui, pour justes qu'elle se prétendissent, se contenteraient seulement d'offusquer l'opinion; insatisfaisantes ces propositions qui, pour sagaces qu'elles fussent, se flatteraient uniquement d'éveiller nos âmes aux contradictions abyssales du monde! Non décidément je leur préfère ces principes qui, une fois admis, ruinent la possibilité même de la pensée.

Tenter, ici, de se mouvoir, en cet espace si étrange, sous l'arc de soutènement de la pensée, et transir de crainte de voir s'effriter ceux des pilastres qu'on croyait les plus robustes!

Le menteur ne peut avouer mentir non plus que le sceptique douter de la vérité sans se renier eux-mêmes.

En ce lieu, paradoxe équivaut à suicide.

Saper l'être du fondement, c'est saper le fondement de l'être.

Du paradoxe de l'image

A l'intersection du pléonasme et du symbole, l'icône,  où nous croyions déceler la vertu de notre modernité, se joue de la ressemblance pour glisser comme autant d'inavouables interstices, une parodie de vérité, une boursouflure de beauté. La modernité a réinventé le corps que la tradition, par pudibonderie ou honteuse culpabilité, avait escamoté. Elle crut naïvement y conquérir quelque liberté ou en exulter quelque plaisir.

Au lieu de ceci, l'impératif comminatoire de se soumettre au canon imbécile d'une  moue boudeuse  contrefaisant la profondeur; d'une hyperbole caricaturant le sens.

Siècle du trop, trop petit, trop gros, trop typé, siècle du standard, privilège de la norme d'autant plus coercitive qu'elle flirte avec la mort.

Les femmes, pour y conquérir quelque parfum d'éternité, singent l'adolescente pré pubère, aussi renfrognée que lisse, ne redoutant rien tant que les verges du temps leur préférant l'albe angulosité de la stérilité. Et défilent ainsi sur nos scènes et écrans, chaotiques et claudicantes, quelques ombres faméliques, irrémissibles d'orgueil, infatuées de leur vaporeuse idéalité. Diaphanes aigreurs de l'être, vite condamnées à disparaître pour n'avoir cherché qu'à paraître. Paresses faméliques de nos impuissances!

A l'opposé, mais leur ressemblant tellement, les virilités fibreuses si incertaines de leur quête, sinistrement  grevées de leurs turgides épreuves. Triste virilité, assurément! tellement interdite devant les paradoxes de l'être, qu'elle erre de preuve en épreuve, condamnée qu'elle se croit à devoir faire montre de sa puissance.

Les unes comme les autres excèdent l'être et poussent jusqu'au paradoxe le mensonge.

Non, effectivement ils ne peuvent rien affirmer sans se nier eux-mêmes!

Gangrenant jusqu'au paradoxe lui-même!