La nature entre dans l'histoire

 

Michel Serres

Cependant s’accroît dans l’atmosphère, depuis la révolution industrielle, la concentration de gaz carbonique issu de l’usage des combustibles fossiles, augmente la propagation de substances toxiques et e produits acidifiants, croît la présence d’autres gaz à effet de serre: le soleil réchauffe la terre et celle-ci, comme en retour, rayonne dans l’espace partie de la chaleur reçue; trop renforcée, une voûte d’oxyde carbonique laisserait passer le premier rayonnement, mais emprisonnerait le second; le refroidissement normal e ralentirait dès lors ainsi que changerait l’évaporation, tout comme au-dessus des châssis d’un jardin d’hiver. L’atmosphère de la Terre risque-t-elle alors de tendre vers celle, invivable de Vénus?
D’expériences semblables, le passé, même lointain, jamais n’en connut. A cause de nos interventions, l’air varie dans sa composition, et donc ses propriétés, physiques et chimiques. En tant que système va-t-il du coup bouleverser son comportement?
(…) Il en va de la terre, dans sa totalité, comme des hommes dans leur ensemble.
L’histoire globale entre dans la nature; la nature globale entre dans l’histoire: voilà de l’inédit en philosophie.

1 Le Contrat naturel p 17