Approche de la République

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Le prolétariat et la guerre
Jean Jaurès, discours parlementaire
9 décembre 1905

 

 

En revenir à la république

Sans doute la république est-elle indissociable des circonstances de sa fondation. Sans doute est-ce l'effet de ces deux siècles qui nous séparent de la Révolution de 89 qui explique que nous confondions si aisément république et démocratie.

La révolution, d'une certaine manière commence le 23 juin 1789 1

 

Au delà du rapport de force politique qui se dessine ici, entre le Roi et le Tiers, lequel engage d'abord la possibilité de siéger et  les modalités des travaux des députés, se joue, bien plus radicalement une conception nouvelle à la fois de la souveraineté et de la nation.

Le Roi, en convoquant les États Généraux, assurément, ne visait qu'à obtenir les moyens financiers d'une sortie de banqueroute!

Les députés du Tiers quant à eux, visaient manifestement la refondation de la Nation. Le premier, la perpétuation de l'ordre ancien; les seconds la fondation d'un ordre nouveau, où, enfin, le peuple rentrerait chez lui!
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Souveraineté: la question n'est pas encore celle de la monarchie ou pas: il faudra la trahison de Louis XVI pour que la monarchie devienne impossible et l'histoire de la Constituante le montrera bien qui n'imagine pas dans un premier temps abolir la monarchie. De ce point de vue république ne s'oppose pas à monarchie!
Non, en réalité la question est celle surtout de la nature du souverain. Pour les députés du Tiers, la souveraineté ne peut être que celle de la Nation ou de son expression, assurément pas celle du Roi.
En choisissant, un peu plus tard, la dénomination d'Assemblée Nationale, les députés affirment haut et fort qu'ils sont la Nation Assemblée, son expression la plus haute sans qu'il soit possible d'entre eux, d'opérer quelque distinction que ce soit. Chaque député ne saurait être un quantième de la nation, il est la Nation! D'où le refus du mandat impératif  2

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Nation: indissolublement liée à la notion d'égalité. Quand il s'agira, plus tard de la revendiquer une et indivisible, c'est aussi parce qu'elle se refuse à entrevoir dans son sein autre chose que des citoyens égaux en dignité et devoir; qu'elle se souvient avoir entamé sa prodigieuse histoire en réfutant précisément l'existence d'ordres distincts et inégalitaires en son sein, que la République prit un sens

Moment fort, certes, parce que ce fut sans doute le premier où l'on osa désobéir au Roi, moment crucial puisque désormais, il devenait impossible de revenir en arrière et que deux souverainetés s'affrontèrent dorénavant dans un combat sans merci où l'une devait irrémédiablement céder devant l'autre.

suite

1) C'est ce jour là que le Tiers refuse de se séparer, refuse que les ordres continuent à siéger séparément

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voir notamment sur le site de l'assemblée nationale

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voir le texte du Serment

2) voir page du site assemblée nationale