Eloge du mauvais goût

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Bling Bling

 

Un président bling bling

La Une de Libé en décembre; un article de Greilsamer dans le Monde,  une émission sur France Culture  ... décidément le mot fait mouche et le style présidentiel laisse la presse interdite.

Il y a effectivement dans cette posture quelque chose d'étrangement vulgaire qui tranche en tout cas avec la bienséance et la discrétion bourgeoise traditionnelle. De là à convenir que ceci sent son parvenu ... il n'y a qu'un pas que d'aucuns franchissent sans vergogne.

Cette lecture n'est pas nécessairement fausse ... elle reste insuffisante.

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Le mauvais goût, la vulgarité c'est toujours la posture de l'autre que l'on n'aime pas ... rien n'est pourtant plus difficile que de définir la vulgarité.

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le style ici adopté est celui d'une certaine modernité (rupture?) qui tranche peut-être avec le style de ses prédécesseurs mais qui épouse néanmoins l'image véhiculée par les medias (séries TV et magazines people) . A sa façon, le président épouse son époque. S'il rompt avec la tradition, ce serait en ceci qu'il le prétend pas incarner la France, mais résumer seulement son époque.

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Il rassemble de manière furieusement ambivalente toute les contradictions de notre temps: vulgaire il renvoie au peuple; people il renvoie aux castes supérieures. Les cris d'effroi poussés çà et là ne doivent pas être si différents que ceux que la noblesse finissante dut pousser devant la bourgeoisie montante. La main a passé ! La bourgeoisie a cédé le pas devant la jet set : quelque chose comme des parvenus tapageurs et passablement décadents.

Il faudra bien admettre un jour combien nous sommes rentrés dans une logique de médiatisation, de visibilité. Et donc d'exhibition. Ce qui autrefois se cachait ou se taisait, désormais se montre et s'assume.

Certes, ceci tranche avec les habitudes présidentielles toutes de retenue, de distance et de silence contrefaites. Etre populaire désormais c'est descendre dans l'arène, et non prendre de la hauteur; c'st être partout et intervenir immédiatement plutôt que de mesurer sa parole en choisissant le moment opportun .

Mais en même temps, qu'est-ce que cela change?

Dans les deux cas de figure, la posture prise est celle du monarque tout puissant.

Et Sarkozy plus que tout autre.

Il est omnipotent, omniprésent tout juste refuse-t-il de paraître omniscient.

Mais pour le reste il revêt bien les mêmes attributs divins.

Non décidément, ce qui est sans doute le plus révélateur tient plus à son étrange rapport au temps : Sarkozy en adolescent attardé, impatient et passablement capricieux, n'envisage rien moins que le long terme. Il ne joue pas la durée mais le court terme. Tellement hanté par l'impuissance il se vautre dans l'incantation de la volonté, dans les délices de l'activisme. A ce jeu, il finira bien par s'épuiser; par nous épuiser.