Eric Besson

Besson, le traître étalon
Libération, 23 avril 2007

L'ex-secrétaire national ne se contente pas d'avoir claqué la porte du PS mi-février. Dimanche, il a rallié le camp de Nicolas Sarkozy, dénonçant une fois de plus «l'incapacité» de Royal. Eric Besson s'était pourtant distingué en janvier

bessonQui a dit le sarkozisme, c’est la «filiale française de la Bush Cie»? Qui a parlé, au sujet du candidat UMP, de «bonapartiste», de «culte du chef»? Eric Besson, ancien responsable socialiste en froid avec Royal et, depuis dimanche soir, soutien de… Nicolas Sarkozy. «Nicolas Sarkozy vient de lancer un appel au rassemblement pour une “République fraternelle”», déclare dans un communiqué le député de la Drôme, dont le départ fracassant du PS a marqué la campagne de la candidate socialiste. «Après m’être entretenu longuement de questions de fond samedi 21 avril avec lui, j’ai décidé de le rejoindre et de m’engager en sa faveur, ajoute-t-il. Des deux candidats en lice, il me paraît le mieux préparé, le plus qualifié et le plus cohérent.»

Eric Besson s'était pourtant fait remarquer en pilotant un ouvrage publié par le PS et intitulé «Les inquiétantes ruptures tranquilles de monsieur Sarkozy». Un livre mis en ligne sur le Net qui compile et critique toutes les actions du candidat de droite depuis 2002.
Visiblement, il a changé d'avis. S'il affirme ne pas partager «nécessairement toutes (les) analyses et toutes (les) propositions» du postulant à l'Elysée, il avoue partager «son diagnostic sur la nécessité d’une action déterminée et de réformes vigoureuses afin de rétablir le rayonnement de la France, l’ordre républicain, la compétitivité de notre économie et les protections sociales qui lui sont liées». Il poursuit: «L’homme de gauche, le progressiste que je suis va donc voter pour un homme de droite. Je l’assume car je suis convaincu qu’il s’agit là de l’intérêt du pays. Mais je ne rejoins pas pour autant le parti dont il est issu, l’UMP», ajoute-t-il.

Eric Besson a surtout consommé de la manière la plus frappante sa rupture avec Ségolène Royal. Il avait quitté son poste de secrétaire national à l’économie du PS, puis le parti, en février, à la suite de désaccords sur la campagne de la candidate socialiste et la façon dont elle était menée. «Je pense en conscience qu'elle ne doit pas devenir présidente de la République. Je ne le souhaite pas pour mon pays. Je le redoute pour mes enfants», a-t-il écrit dans un livre «Connaissez-vous madame Royal?» paru en mars.

Un désaccord qui s'est mué en haine. Le député a encore vitriolé la candidate socialiste, dimanche, dénonçant notamment «l’exacerbation d’une personnalisation du pouvoir drapée dans les atours de la “démocratie participative”», un «détournement de la cause féministe à des fins personnelles» et une «incapacité à proposer une stratégie économique et sociale réformatrice».

Le retournement de veste est donc total. «Ce soir, Nicolas Sarkozy a trouvé les mots pour appeler au rassemblement républicain. J’essaierai d’y apporter ma contribution», a conclu Eric Besson. Vise-t-il un strapontin ministériel dans un possible futur gouvernement de droite? Toujours est-il que Sarkozy, dans une lettre adressée au député le 18 avril, lui écrivait vouloir «rassembler le maximum de Français et de responsables politiques autour de [son] projet». François Fillon, directeur de campagne de Sarkozy, annonçait d'ailleurs lundi matin la création d'un «pôle de gauche» pour flanquer le «pôle UMP», «dont Eric Besson sera l'un des animateurs».

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