11 mars 2009

 

Universités : pourquoi le gouvernement ne parvient pas à calmer la fronde

LE MONDE | 12.03.09 | 10h38  •  Mis à jour le 12.03.09 | 10h47

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n simple problème de méthode ? Une mauvaise lecture de l'état d'exaspération de la communauté universitaire ? Le gouvernement peine toujours à trouver une porte de sortie à la crise universitaire. Le 25 février, après un mois de mobilisation et de blocages d'universités, le premier ministre François Fillon pensait avoir trouvé la clé.

mEn proposant le gel des suppressions de postes l'an prochain, la réécriture du décret statutaire des enseignants-chercheurs, et des aménagements sur la formation des enseignants du primaire et du secondaire, il avait réussi à regagner partiellement la confiance des présidents d'universités et de la majorité des syndicats les plus modérés, SGEN-CFDT et UNSA en tête.

Deux semaines plus tard, la mobilisation reste importante. Le 11 mars, ils étaient encore entre 30 000 et 60 000 manifestants à défiler dans toute la France. Pourtant Valérie Pécresse a mené des négociations tous azimuts, non seulement sur le décret statutaire, le décret sur le Conseil national des universités, mais aussi, mardi 10 mars, sur le décret sur le nouveau contrat doctoral unique, l'un des nombreux points d'abcès de la contestation. La semaine prochaine des discussions sur les organismes de recherche vont également. s'ouvrir.

C'est dans ce contexte que le ministre de l'éducation nationale Xavier Dancos, s'apprête à faire un nouveau geste en annonçant un nouvel aménagement de la formation des maîtres."Si l'on sort par le haut sur cette question de la mastérisation, cela détendra la situation dans les universités", assure Gérard Aschieri, secrétaire général de la FSU, syndicat enseignant majoritaire de l'école à l'université. En réalité rien n'est moins sûr: compte tenu du niveau actuel de la mobilisation, il est probable que le mouvements fera tout pour tenir jusqu'à la grande mobilisation interprofessionnelle du 19 mars.

FOSSÉ

Comment expliquer qu'en multipliant les réunions sur les sujets qui fâchent et en cédant chaque jour un peu plus aux demandes syndicales, le gouvernement n'arrive pas à sortir de la crise ? Soucieux de défendre ses réformes universitaires, le gouvernement a mal appréhendé l'ampleur de la fronde, laissant s'installer un fossé entre lui et le monde de la connaissance. Dans Libération, le 11 mars, le secrétaire général de l'Elysée, Claude Guéant estimait que le texte du décret statutaire des enseignants-chercheur "sera peu différent de celui qui a été mis sur la table". Une remarque qui discrédite les quatre syndicats négociateurs et envoie un mauvais signal à la communauté universitaire.

Comme dans tout rapport de force, les syndicats les plus en pointe dans la lutte, comme le Snesup (FSU), mais aussi les divers collectifs (Sauvons la recherche, Sauvons l'université, la coordination nationale des universités) appuient pour obtenir plus de concessions. Ils réclament des annonces plus globales concernant non seulement l'université, mais aussi la recherche.

"Nous attendons depuis maintenant deux semaines des signaux forts de la part du gouvernement sur les moyens, les postes et l'avenir de toutes les composantes de l'enseignement supérieur et de la recherche", explique Isabelle This Saint-Jean, président de l'association Sauvons La Recherche. "Avec ses annonces partielles, François Fillon n'a pas compris le malaise général qui mine l'ensemble de notre communauté", assure Jean Fabbri, secrétaire général du Snesup (FSU).

"Pour apaiser la tension, il fallait nous accueillir tous ensemble, syndicats, associations ou collectifs, de manière solennelle", défend Isabelle This-Saint-Jean. Faute de cette réunion-symbole, la contestation s'est radicalisée.