Badinter

Féminisme

Toute petite controverse à l'occasion de la sortie du dernier ouvrage d'E Badinter.
Elisabeth Badinter repond aux polémiques [itv] FR2 150210
envoyé par peanutsie. - L'info video en direct

 

Derrière tout ceci je vois surgir l'ultime redondance de ce petit mouvement de balancier tellement vain entre nature et culture, somatique et désormais génétique et psychologique. On l'avait vu resurgir ces dernières années par cette tendance à vouloir chercher de nos comportements des explications plutôt génétiques que psychologiques, à contre sens de Freud! on le revoit ici!

J'aimerais pouvoir écrire, sans que ce fût trivial, que la vrité doit bien se nicher quelque part dans l'entre-deux !

Je sais en tout cas qu'on trouvera toujours plutôt du conservatisme dans ce naturalisme-là et, par irrationnalité peut-être, par engagement en tout cas, je m'avoue préférer la piste inverse où je crois mieux souffler le grand vent de l'histoire - ou de l'esprit


Le féminisme de Badinter n’est pas le nôtre *

STÉPHANIE BOUDAILLE-LORIN journaliste, ZORICA CHARLOT assistante de direction, MARIE-FRANCE ASTOIN ingénieure, DALI MILOVANOVIC éditrice

Elisabeth Badinter, Sylviane Agacinski, Gisèle Halimi et tant d’autres : vos combats sont devenus nos droits. Contraception, avortement, accès aux études et au travail font désormais partie de notre quotidien. Mais qu’en est-il des inégalités de salaire, du plafond de verre en politique et dans la sphère économique, du partage extrêmement inégalitaire des tâches, des violences, petites et grandes, massivement infligées aux femmes de notre pays ? La crise économique ne peut être tenue pour seule responsable. Nous dénonçons trente années d’immobilisme du féminisme français.

Le féminisme égalitariste fondé en France par Simone de Beauvoir, en ignorant l’aspect biologique de la différence des sexes, a poussé les Françaises à adopter des comportements masculins, sans les ajustements nécessaires, et donc au détriment des femmes et des besoins des enfants. La situation des femmes est meilleure dans les pays inspirés par un féminisme différentialiste. En Scandinavie, la plupart des bébés sont allaités un an. La scolarisation est plus tardive et progressive. Et pourtant, c’est le pays le plus en pointe en termes d’égalité, de partage des tâches et des congés parentaux longs (paternels ou maternels), de représentation dans les instances politiques et économiques.

Devenir parent est l’occasion d’un retour critique sur son chemin de vie, d’une réévaluation de ses priorités. La recherche du bien-être de ses enfants apparaît alors comme un cas particulier d’une recherche globale de sens pour sa propre vie, son couple et sa famille. Pas de morale là-dedans, pas de modèle supérieur à un autre : chacun fait ce qu’il souhaite au moment où il peut. Contrôle non chimique de sa fécondité, allaitement à la demande et au long cours, cododo, portage, hygiène naturelle infantile, nouvelles manières de travailler, refus de la violence éducative ordinaire et de l’hypermédicalisation de la naissance… Chacune pioche dans un panier de solutions créatives ce qui est juste pour elle, à un moment bien circonscrit dans son histoire de femme, à savoir le temps de la petite enfance. Nous sommes souvent les premières surprises par ces choix, et encore plus lorsque nous parvenons à réconcilier émancipation féminine, affirmation de soi, maternité, et parfois même, sexualité, enfin épanouie. Alimentation biologique et faite maison, couches lavables, refus de l’hyperconsommation et autres pratiques décroissantes : pour certains, ces choix s’inscrivent dans une recherche humaniste, écologique et économique ; pour d’autres, pas du tout.

Il est évident que l’amour maternel ne se réduit pas aux hormones. Nous sommes des primates culturels, bien en phase avec les réalités de notre temps. L’accusation de retour en arrière ignore la modernité et la créativité de l’écoféminisme. Faire de la maternité le cœur de l’identité féminine est tout aussi stérile que de gommer l’impact que les enfants ont sur nos vies, qu’on soit une femme ou un homme. Nous attendons du féminisme français qu’il reconnaisse enfin l’immense pression que les femmes subissent de la part des institutions, des psychologues, des professionnels de santé, des magazines féminins, en vue de les faire rentrer dans des cases étroites et aliénantes. Nous souhaitons des conditions sociales qui garantissent une véritable liberté de choix : allongement du congé maternité, rémunération et partage du congé parental entre les parents, diversité et qualité des modes de garde, aménagement des temps, modalités et rythmes de travail pour les mères et les pères, points de retraite pour les périodes non travaillées, respect des usagers par le corps médical.