Medias

Perspectives

Etrange image que celle-ci prise en janvier 2010 à l'issue du procès Clearstream qui opposa de Villepin à Sarkozy aux sues de tout le monde comme si le procès en lui-même n'était qu'un prétexte et que le monde n'eût rien de plus important à considérer que cette lutte fratricide entre deux titans de basse-cour.

Tout réside dans cette perspective des perches tendues convergeant mais écrasant en même le politique qui brâme son innocence. Photo de la photo qu'on verra dans la presse ou de la vidéo à la TV, une méta-photo en somme qui souligne le réel comme il ne nous est jamais donné mais comme il s'impose aux politique.

Entre nous et eux... ces perches, cette meute avide d'un mot, d'une formule qui ferait sensation. La question n'est pas tant celle du miroir déformant - nous savons tous qu'entre traduire et trahir il n'est qu'un infime écart - elle n'est même plus celle de l'usurpation d'un intermédiaire qui se prendrait pour un acteur de plein droit ! non celle, plus triviale de la connivence.

Politiques et médias participent d'un même monde qui n'est pas - plus ? - le nôtre. Ils ont intérêt commun : la création de l'événement. Non pas donner sens à ce qui se passe, ou tenter de le maîtriser mais bien plutôt le créer. Grands ordonnateurs de ce temps qui n'existe plus vraiment, engouffré qu'il est dans l'immédiateté absolue, ils biffent sans peut-être même le savoir, cet autre monde où l'événement perturbe le sens. Pour parler comme Bachelard, la réalité empirique est balayée au profit d'un réel non pas scientifique cette fois, mais médiatique, qui est construit. Ce dernier en dit peut-être plus long sur celle-là mais comment s'étonner alors de la défiance parallèle nourrie à l'encontre des politiques et des médias.

C'est ceci qui arrive peut-être à la démocratie moderne, comme ceci frappa les sciences contemporaines. De même que jamais l'écart ne fut si grand entre ce que dénichent les scientifiques et ce que croit savoir le sens commun, de même jamais l'écart ne fut si lourd entre ce que vivent les hommes et ce qu'en disent les politiques et les médias.

Les perches ne sont plus tendues vers nous, mais vers eux ! Les mots ne parlent pas des choses, non plus que les médias de nous ! Les politiques se paient de mots qu'ils affutent pour les médias quand ces derniers s'en saisissent comme autant d'événements.

Le jeu tourne à vide ! mais de plus en plus mal.

Cette image est un négatif photographique : tout y est inversé ! et nous les grands absents.