Puissance ou stérilité?

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Deux femmes, prises au hasard. Sarah et Anne, la mère de Marie. Toutes deux des fondatrices. Toutes deux stériles. Pourquoi?  Deux annonciations qui se répondent l'une l'autre mettant bien en évidence la corrélation de ces deux événements.

 

De la stérilité

Elle apparaît évidemment comme une humiliation, comme une malédiction puisqu'elle interdit de déposer offrandes à qui n'a pas engendrer en Israël . Ne pas engendrer c'est ne pas véritablement  faire partie de la communauté; c'est donc ne pas pouvoir véritablement en pratiquer les  rites. C'est, d'une certaine manière, être de nulle part, mais c'est en même temps être de la même trempe que tous ces fondateurs , venus de nulle part, venus du fleuve !

Ne pas y voir la simple réduction de la femme au seul rôle de génitrice, bien au contraire y voir plutôt cette essentielle fonction de donatrice d'identité. C'est de la mère que procède l'identité : en la sorte qu'elle relaie l'alliance. C'est bien pour éviter l'expulsion qu'est donnée l'impulsion de la naissance.

C'est bien marquer que, d'une certaine manière, la seule puissance reste celle de Dieu, certes; c'est surtout marquer que toute naissance est alliance, est refondation. Tout commence, ou recommence comme si chaque naissance était la chance offerte .

La première, pourtant, est une double rupture.

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rupture d'avec le passé qui se traduit par le changement de nom pour Saraï comme pour Abram

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rupture d'avec une lignée - celle d'Ismaël - sitôt la naissance d'Isaac

La première crée une lignée en même temps qu'un double qui restera en face, comme le signe

La seconde fait explicitement référence à la première mais il ne s'agit plus ici d'expulsion mais au contraire d'accueil : Joachim et Anne sont réintégrés dans la terre d'Israël, et peuvent désormais présenter offrande parce qu'elle enfantera. La promesse, cette fois-ci, n'est pas celle d'une lignée, seulement celle d'une renommée !

Et voici qu'un ange du Seigneur parut, disant :
« Anne, Anne, le Seigneur Dieu a entendu ta prière. Tu concevras, tu enfanteras et l'on parlera de ta postérité dans la terre entière. »
Anne répondit : « Aussi vrai que vit le Seigneur Dieu, je ferai don de mon enfant, garçon ou fille, au Seigneur mon Dieu et il le servira tous les jours de sa vie. »

C'est l'universalité qui s'ouvre : on n'annonce pas encore la postérité divine (elle sera faite à Marie seulement  1 qui n'est en réalité que le biais de l'incarnation) mais on voit bien que s'y joue l'ouverture. .

Annonciations

Dans les deux cas, l'annonce fait figure d'ensemencement. Dans les deux cas, l'annonce de la maternité renvoie plus à la métaphysique qu'à la maternité ! 

1) « Au sixième mois, l'ange Gabriel fut envoyé par Dieu dans une ville de Galilée, appelée Nazareth auprès d'une vierge fiancée à un homme de la maison de David, nommé Joseph. Le nom de la vierge était Marie. L'ange entra chez elle, et dit: Je te salue, toi à qui une grâce a été faite ; le Seigneur est avec toi. Troublée par cette parole, Marie se demandait ce que pouvait signifier une telle salutation. L'ange lui dit : Ne crains point, Marie ; car tu as trouvé grâce devant Dieu. Et voici, tu deviendras enceinte, et tu enfanteras un fils, et tu lui donneras le nom de Jésus… Marie dit à l'ange: Comment cela se fera-t-il, puisque je ne connais point d'homme? L'ange lui répondit : Le Saint Esprit viendra sur toi, et la puissance du Très Haut te couvrira de son ombre. C'est pourquoi le saint enfant qui naîtra de toi sera appelé Fils de Dieu. »
    — Lc 1, 21- 35