Crimes ...

L'exhorbitance ...

C'est ceci d'abord qui vient à l'idée en regardant ce documentaire sur le procès de Nuremberg.... Moins que la défense, finalement prévisible, des accusés arguant de leur honneur, loyauté et obéissance, cette impossibilité finalement de se tenir devant ses crimes quand ils atteignent une telle dimension ! Impossibilité qui s'oppose à la fois à l'accusateur et à l'accusé !

du côté de l'accusateur, peut-on véritablement trouver une peine qui soit à l'aune des crimes commis quand ces derniers excèdent à ce point l'ordre du concevable et de l'imaginable ?

du côté de l'accusé jamais à la hauteur des crimes, mais plutôt misérable, pleutre ... tellement ordinaire ... s'inventant au choix l'excuse de l'ignorante ou encore celle de la fidélité et de l'obéissance. Peut-on assumer ceci ? Peut-on se tenir devant de tels actes et dire c'est moi qui l'ai fait et je l'assume ?

Bien sûr je pense à ce texte d'Alain voyant dans la fidélité 1 à un serment prononcé une des sources du fanatisme mais ce que je vois surtout, au delà de la recherche d'une explication de tels comportements, c'est l'impossibilité de se tenir devant soi ... d'être responsable. Tout notre droit, notre morale, s'imstalle sur le fond pourtant de cette responsabilité, de la réalité de ce moi, conscient qui par ses décisions tisse le lien entre la volonté et l'acte, dit ceci c'est moi qui l'ai fait et accepte d'en asuumer les conséquences. Pourtant, ce moi, pas si conscient que cela, en est incapable au point d'aller se calefeutrer derrière l'ordre supérieur, si rassurant !

L'homme n'est décidément pas constitué pour affronter l'absolu. Sans cesse il navigue entre deux eaux, dans les eaux troubles de ses indécisions ou illusions ! Incapable d'exprimer autrement que par des mots convenus ce qui l'habite et émeut; incapable de dire le réel autrement que par des circonvolutions où l'hypothèse le dispute à l'extrapolation; incapable de s'en tenir à soi !

Etre du divertissement comme l'eût écrit Pascal, faible à en frôler le ridicule, il n'apparaît jamais aussi dangereux que lorsqu'il mime la roide raison, ou l'inflexible volonté. Keitel à cet égard est effrayant non point tant dans sa morgue toute militaire que dans sa palinodie de repentance. sans doute sommes-nous trop faibles pour affronter notre propre regard, notre propre visage.

Est-ce ceci que visait Arendt en évoquant la balanité du mal ? loin de s'inscrire dans le modèle finalement rassurant du démoniaque, le mal surgit de rien, de l'ordinaire Etrange paradoxe que celui-ci, que l'exorbitance sourde ainsi du presque rien ! Décidément il fait relire Jankelevitch et Lévinas !

 


1) Mais le principal appui du préjugé est l’idée juste d’après laquelle il n’est point de vérité qui subsiste sans serment à soi; d’où l’on vient à considérer toute opinion nouvelle comme une manœuvre contre l‘esprit. Le préjugé ainsi appuyé sur de nobles passions, c’est le fanatisme.