Banalité

Ordinary people

Commentaire dans Libération à propos de ce film de Perisic :

Plus d'infos sur ce film 

La magnifique formule d’Hannah Arendt sur la «banalité du mal» - employée lors du procès d’Adolf Eichmann - est devenue un poncif utilisé à toutes les sauces. L’intelligence de ce film est d’aller au-delà. L’exécuteur ordinaire tue le plus souvent sans trop se poser de questions, sous la pression du groupe et des copains, par peur de passer pour un lâche. Avec le plus souvent une inébranlable bonne conscience, comme le montrent nombre d’études sur les anciens des groupes d’extermination de la police allemande en Ukraine pendant la Seconde Guerre mondiale, ou des tueurs serbes de Srebrenica devant le Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie.1

J'aime, je l'avoue, quand les journalistes expédient d'une pichenette boudeuse ce qui précisément fait question. Une théorie cesse-t-elle d'être pertinente pour ceci qu'elle eut quelque gloire? Faut-il vraiment oublier quelles manoeuvres et mauvaises fois animèrent en son temps la polémique ? 2

Je préfère la question du réalisateur parce que, banale elle aussi, elle ne peut néanmoins que nous hanter : qu'aurais-je fait si alors j'avais eu l'âge de participer à l'événenement ?

Il n'y a évidemment pas de réponse !  

C'est à ceci que je pensais en voyant les documents sur Nuremberg : ceux-là nous obligent à nous regarder en face ! et pas plus qu'eux nous ne le pouvons ! Sans doute faut-il être bien fol pour aimer l'humain et le craindre en même temps ! Et me revient que dans l'Ancien Testament l'amour et la crainte de Dieu fonctionnent comme de parfaits synonymes, d'exacts équivalents

Sans doute parce que la valeur qui fonde immédiatement s'enfuit sitôt qu'elle se pose; qu'elle n'est qu'un horizon d'autant plus intérieur qu'il est loin, si loin; toujours devant !


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2) relire cet entretien ; réentendre son ITV