Lexique

Murs ville et port ....

Les hommes construisent trop de murs, pas assez de ponts
Newton

Pourquoi songer à cela en voyant cette photo de la visite papale au Moyen Orient ?

Les murs protègent, qui ferment les espaces, quand les ponts les ouvrent. C'est ce que l'on dit Mais ils enferment aussi derrière des barreaux ... ou des préjugés.

Ainsi en est-il de nos demeures; ainsi en est-il assurément de tout ce que notre technique peut avoir de culturel. Qu'ils protègent des rigueurs climatiques alors ils façonnent et justifient nos demeures. Qu'ils protègent contre les assauts de l'extérieur, l'ennemi, l'étranger, le barbare, alors il justifient nos stratégies militaires voire politiques. Qu'ils protègent contre les assauts de l'intérieur et ils justifient nos prisons, nos camps.
C'est effectivement une vieille histoire - de la Rome Antique avec son mur d'Hadrien au Berlin de la guerre froide en passant par l'Empire du milieu : force est d'avouer que le mur est la grande tentation que partagent à la fois celui qui a peur et celui qui innove, celui qui bâtit et celui qui détruit; le militaire et l'architecte.

Tout à l'opposé, les ponts, présumés ouvrir des espaces, tracer des passages. Le philosophe aime les ponts qui y voit chemin et méthode : ouverture et connexions; bref de la communication.

Ne nous leurrons pourtant pas : il ne suffit pas de jeter un pont pour immédiatement dessiner un espace ouvert. Celui-ci peut tout aussi bien être d'écrasement, de conquête voire d'anéantissement. Les troupes conquérantes franchissent les obstacles naturels en construisant des ponts de fortunes, les armées en débâcle croient toujours pouvoir repousser la défaite inéluctable en faisant sauter ses ponts (ainsi par exemple durant la débâcle de 40.) Il ne suffit pas de bâtir pour éviter de détruire ! Si souvent, le bâtisseur suppose ou implique, c'est selon, le démolisseur. Presque toujours!

Intéressant de ce point de vue que le terme militaire l'emprunte au lexique fluvial : la débâcle est la fonte au moins supercielle des glaces qui permet la circulation ! Quand ce qui se bâcle, en revanche, c'est l'obstruction des ports ! mais aussi ce qui est rapidement expédié !
La débâcle est bien militaire encore qui signifie, par la défaite, l'ouverture de la terre à l'ennemi. Ainsi l'offensive est-elle toujours d'abord une offense ! Attaque et négation de l'autre.

C'est pour cela que je ne partage pas l'enthousiasme de Serres pour les ponts ! On peut effectivement se retrouver devant eux, comme devant un mur. Je redoute plutôt ce petit endroit, cet instant fugace où d'ouvert l'horizon subitement se bouche et vous étreint.

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Le Dessous des Cartes - Nouveaux murs
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