De l'école

Rentrée

Toujours occasion de revenir sur son état, son devenir, son statut, la rentrée scolaire ou universitaire est aussi ce merveilleux marronnier de la presse de septembre.

Il est vrai que l'école n'est pas n'importe quoi : trop incrustée dans l'histoire et la définition même de la république, il semble bien que tout malaise de l'une se ressente dans l'autre, automatiquement ; en tout cas immédiatement.

la question de l'égalité des chances est du même ordre : entre l'idéal républicain qui voudrait que l'école rabottât ce que le hasard mît d'injustice dans le destin de chacun, et la réalité qui doit bien avouer que non seulement cette inégalité n'est au mieux qu'entamée ; au pire, accrue, il y a tout le débat classique, nécessaire et sain d'une société qui se définit, se trahit au travers de son école.

Evidemment, le sort de l'école est intimement lié aux politiques publiques et celle visant à réduire les effectifs de la fonction publique la touche de plein fouet ! Mais ceci veut dire aussi qu'à ce jour l'école réunit la grande masse des fonctionnaires d'Etat, et, après tout, c'est déjà un signe.

Qu'après la défaite la France de la IIIe République naissante misât l'essentiel de son budget dans la formation de ses citoyens, était le signe d'une nation qui croyait, voulait croire en son avenir. Et c'était, alors, prendre à rebrousse-poil les autres politiques européennes. Avant d'être une question technique, c'est une question de politique ; de haute politique ; de principe !

On peut toujours s'interroger sur l'efficacité d'une organisation ! Ceci est d'autant plus légitime quand elle engouffre le premier des budgets ! Mais la question est-elle vraiment ici ? Réduire, en ne se donnant qu'une approche comptable, les effectifs enseignants est manifestement une faute grave, surtout lorsque, finalement, les effectifs des enfants ne baissent pas comme on l'annonce. Certes, le toujours moins d'élèves par classe ne garantit pas nécessairement une plus grande efficacité pédagogique; néanmoins le toujours plus d'élèves, non plus !

On commet une faute grave en oubliant que la société a changé; que nos élèves ont changé et que les vieilles recettes ne fonctionnent, ne peuvent fonctionner comme si de rien n'était.

On commet une faute grave en appliquant sans recul la grille de lecture libérale et passablement techniciste de l'invesissement/rendement comme si la réussite scolaire pouvait se mesurer comme on compte les oignons ; ou qu'elle dût apparaître immédiatement à un temps donné ; ou encore qu'elle trouvât sa source soit dans l'efficacité des maîtres ou l'investissement de l'enfant ! C'est oublier que l'école est une institution totalement incrustée dans une société dont elle porte les marques, dont les crises l'affectent et dont sa propre crise l'affecte !

C'est bien la marque de la technicisation libérale que de considérer l'école hors de son contexte, de son environnement, non comme l'élément d'un système mais seulement en elle-même comme une pure monade.

Il ne s'agit pas de nier que l'école soit en crise - mais par un certain côté, n'est-elle pas toujours en crise? n'est-ce pas sa définition que d'être en crise puisqu'elle porte le passage en son essence ? - il s'agit d'abord politiquement de définir des objectifs. Avant de mettre en place des dispositifs ! Or manifestement l'objectif gouvernemental n'est pas l'école mais le dégagement d'élites ; de promouvoir des pôles d'excellence au détriment du reste.

Tout le reste est littérature .