Camille Simonin

A sa façon, l'apogée et l'hypogée de la famille. Mort prématurément en 32, je ne sais de lui que ce que la mémoire de la famille en conserve, ce qui est peu; et quelques traces officielles, ce qui est un peu plus.

Fils de Joseph et de Marie Meyer, il est le premier de la famille à n'être pas né à Thann mais à Schirmeck où celui-là s'installa et fonda l'usine familiale. Il eut deux frères, Gaston dont je ne sais rien sinon qu'il mourut sans enfant à Nancy dans les années soixante, et Marx qui mourut à Paris en 42 !

Edile

Il fut maire et conseiller général du canton de Schirmeck dans l'entre deux guerres et député en 19.

C'est à ce titre que sa signature apparaît dans la Déclaration des députés des provinces recouvrées en Décembre 19

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Entré en politique en 1912, lors de la réforme constitutionnelle qui devait donner à l'alsace un statut plus libéral au sein du Reich allemand, il fit partie de ceux qui ravivèrent le mouvement francophile et protestataire. Il dut assez se faire remarquer cspour qu'on le plaçât, comme tous ceux dont on se méfiait, en résidence surveillée durant toute la durée de la guerre de 14. Le fait qu'il posséda aussi une usine à St Dié, resté français, et que donc son activité s'exerça des deux côtés de la frontière, son engagement connu, sa satisfaction trop visible durant les quelques jours d'Août 14 durant lesquels les troupes françaises furent entrés dans Schirmeck avant de se rapidement retirer, durent assez agacer pour qu'on cherchât à le neutraliser.Des dénonciations fusèrent, dont j'ai trouvé trace, l'accusant de trahison au profit de la France, en quoi je ne crois pas vraiment, suffirent à l'exiler dans le Bade Wurtemberg (cette photo en est le seul souvenir).

Ses mandats le firent entrer dans un monde qui n'était pas tout à fait le sien: de petit industriel local, il devint subitement notable et je ne suis pas sûr qu'il le supportât. Le petit juif du textile qui devait bien un peu bramer en lui encore, était tellement ivre de reconnaissance qu'il voulut ressembler aux grands notables alsaciens: il investit en bourse, fréquenta les casinos ... et y laissa une partie de la fortune familiale.cs L'entreprise familiale ne s'en remit jamais tout à fait; la seconde guerre mondiale fit le reste. Elle fut vendue en 45, faute d'homme capable de la relancer. Si elle existe encore, si le fronton porte encore le nom de la famille, c'est juste pour marquer un peu plus l'aiguillon de la nostalgie! Certainement pas le regret.

Ce que j'ai lu de lui, de ses interventions, notamment à la Chambre, montre un esprit plutôt avisé, plus soucieux des affaires alsaciennes que nationales d'ailleurs: obsédé par la réintégration de l'alsace dans le giron français, il était rétifs aux  mesures transitoires qui selon lui seraient amenées à durer - force est de constater qu'il eut raison! Il plaidait notamment pour l'application immédiate de la loi de 1905: un siècle après, l'alsace reste sous statut concordataire! Mais, en même temps, sans que ceci soit contradictoire, il défendait le maintien des spécificités régionales, et notamment le maintien des droits locaux.

Tout l'homme est là: le leit-motiv de l'intégration en même temps que le respect de la différence! Je crois bien qu'il fut, dans l'âme, un républicain et, sans doute, fut-il de ceux qui n'oublièrent jamais que ce fut bien la république 89 qui émancipa les juifs.

Généreux, assurément, par humanisme plus que par idéologie politique (qu'alla-t-il faire sur cette liste Bloc National de la Chambre Bleu horizon?), il avait su mettre en place un système de prévoyance et de retraite plutôt en avance sur son temps pour les ouvriers de son entreprise. Dans la vallée de la Bruche il avait un surnom: Menschenfreund ! l'ami des hommes!

C'est sans doute le plus bel hommage et son plus grand titre de gloire!

 


1) Cette déclaration est évidemment la réponse à 50 ans de distance de la protestation de 71


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