Hypogée

Crépuscule ...

C'était un soir ! Un soir de rentrée comme les autres ! Ereinté d'avoir tout mis en place ce qu'il fallait de contrainte, d'ordre et de bienveillance, mais finir la journée en installant le si peu qui m'importait dans ce qui serait ma résidence désormais !

Un si petit espace, un confort si frugal en l'avers si brutal de l'immense joie ressentie ! Pour la première fois depuis plus d'une année douloureuse, se croire chez soi ! Non pas avoir un chez soi tant le délire de possession me reste étranger ... mais être chez soi, trouver un espace à habiter.

L'avoir pu partager avec un ami et l'une de mes filles aura adouci ce que l'instant recelait de rupture et d'ingratitude ! Mes maigres affaires une fois rangées ... quelques papiers, linge mais pas même un ordinateur, je m'allongeai balayant du regard l'immense nudité de mon royaume et l'obligation à moi désormais imposée de ne regarder plus qu'en avant. Car subitement il n'y avait plus d'arrière.

Miracle - ou illusion - des ruptures que de supposer la table rase. En réalité, elle est tellement épaisse ! Epaisse de souvenirs enfouis, d'interrogations, de regrets, de parcours enfantins subrepticement resurgis, comme par effraction, de rancoeurs non! mais de blessures assurément oui, de ces antépénultièmes écorniflures de l'âme bousculant les ultimes mais ne les effaçant point comme si la biffure désastreuse d'un passé récent redonnait leur chance à ces scories si imposantes ou que se dégageât enfin l'hypogée de nos rêves.

Mais il est vrai que ce soir-là, je n'avais de passé non plus que je ne me percevais d'avenir !