Rien
ne peut détruire [la religion], car ce qui la met en question est
aussitôt promu à sa place et objet d’une croyance religieuse à son tour
– je l’ai démontré ailleurs pour le sacré. La puissance qui désacralise,
un lieu, un conseil, une religion, est aussitôt à son tour sacralisée.
Il en est exactement de même pour ce qui prétend détruire une croyance.
La force destructrice devient aussitôt l’objet d’une croyance. On l’a
parfaitement vu lors de la grande offensive laïque contre la
“religion” : en très peu de temps, la laïcité est devenue un laïcisme,
et il s’agissait d’une ferme croyance dans des valeurs, une morale
indépendante, une sorte de communion intellectuelle et même spirituelle.
Donc le fait croyance paraît inhérent à l’être humain ! C’est dans cet
univers de croyances que se situe, ni plus ni moins accentuée, la
croyance religieuse, qui se réfère à un au-delà insaisissable.