Il ne
peut pas y avoir de société qui ne sente le besoin d’entretenir et de
raffermir, à intervalles réguliers, les sentiments collectifs et les
idées collectives qui font son unité et sa personnalité. Or, cette
réfection morale ne peut être obtenue qu’au moyen de réunions,
d’assemblées, de congrégations où les individus, étroitement rapprochés
les uns des autres, réaffirment en commun leurs communs sentiments ; de
là des cérémonies qui, par leur objet, par les résultats qu’elles
produisent, par les procédés qui y sont employés, ne diffèrent pas en
nature des cérémonies proprement religieuses. Quelle différence y a-t-il
entre une assemblée de chrétiens célébrant les principales dates de la
vie du Christ, ou de juifs fêtant soit la sortie d’Egypte, soit la
promulgation du Décalogue, et une réunion de citoyens commémorant
l’institution d’une nouvelle charte morale ou quelque grand événement de
la vie nationale ?