Mantille

Traditions ...

St NicolasAu gré d'une promenade printanière... entré à St Nicolas du Chardonnet. Reçu comme une gifle le vent frais de cette tradition-ci !

J'aime pourtant les églises où, même quand elles sont récentes, je veux traquer le souffle d'une histoire qui n'est pas mienne, le sens d'une foi qui s'égare ou s'égaye. Il n'est pas possible que ces lieux ne réverbèrent pas un peu la violence des troubles, des remords ou des enthousiasmes dans cette pénombre calculée des âmes. Et ne détesterais pas parvenir à le saisir.

Mais ici ! Lieu vide, comme souvent, où ne s'égarent que quelques soutanes affairées, où semblent se scarifier quelques femmes percluses de solitude.

Ah ces mantilles 1! Comment ne pas songer à ces luttes contre le foulard? Avoir franchi sans y prendre garde un univers entier et se retrouver ainsi aux antipodes de la laïcité.

J'aimerais pouvoir me moquer de ces femmes, pouvoir me dire qu'elles se mutilent par désespoir sans doute, inconsciemment sûrement! mais n'y parviens point. Cette foi mortifère me dérange plus qu'elle ne m'étonne; m'inquiète plus qu'elle ne me fascine.

Sous ces mantilles, des tempêtes de haine, de rancoeur, de rêves d'une gloire archaïque. Comment ne pas songer qu'ici, aussi, se rassemblent tout ce que la droite française résume de plus ranci; de plus étriqué; de plus sordide. Comment oublier qu'ici encore se rassemblent ce que l'extrême-droite ( à moins que ce ne fussent les mêmes ?) dénombre de plus angoissant; de plus fascisant !

Moi qui tente de comprendre ce que gauche veut encore dire, là soudainement je le sais ! Y a-t-il deux France? en tout cas celle-ci n'est pas la mienne !

Comment oublier que ceux-là, toujours, restèrent, au nom du sacré, toujours sur la mauvaise rive de l'histoire? qu'ils ne comprirent rien à la république qu'ils détestèrent; qu'ils supportent encore sans l'aimer jamais! qu'ils ne comprirent rien au nazisme qu'ils adorèrent !

Ce catholicisme-là, qui sait se faire idolâtre, ce catholicisme-là qui aime tant se vautrer dans la culpabilité et pour cela s'enivrer de souffrances et de corps meurtris, de blessures à panser, sait, à l'occasion, redoubler de retenue son dolorisme si volontiers ostentatoire.

Ces statuaires, ces saints voilés pour Carême prenant chantent la désolation, la solitude et la désespérance devant le sacrifice imminent ! Il faut avoir entendu la Leçon des ténèbres de Charpentier : je n'ai, je crois, jamais approché de si intense qui vous abandonne au délaissement le plus nu, à la désolation la plus crue. Je le peux comprendre si je ne suis jamais parvenu à saisir comment ce désespoir peut, quelques jours après, se muer en exaltation ! La résurrection est mystère qui m'échappe mais plus encore cette transfiguration d'un meurtre en rédemption. J'y vois encore la faute originelle du christianisme qui aura décidément toujours un rapport délictieux (délicieux) à la mort !

Morbidité ! oui c'est bien à ceci que je songeais en voyant ces femmes, ces voiles, ces soutanes noires d'un autre âge. Comme si cette rive-là était incapable d'aimer la vie, ce qu'après tout Nietzsche avait repéré, qu'elle préférât se réfugier dans l'éternelle contemplation de ce qui rassure paradoxalement : souffrance, compassion !

Et que dire de l'image cette fois de la femme ? Sinon rappeler seulement ceci :

5.Toute femme, au contraire, qui prie ou qui prophétise, la tête non voilée, déshonore son chef : c'est comme si elle était rasée.
6. Car si une femme n'est pas voilée, qu'elle se coupe aussi les cheveux. Or, s'il est honteux pour une femme d'avoir les cheveux coupés ou d'être rasée, qu'elle se voile.
7. L'homme ne doit pas se couvrir la tête, puisqu'il est l'image et la gloire de Dieu, tandis que la femme est la gloire de l'homme.
8. En effet, l'homme n'a pas été tiré de la femme, mais la femme a été tirée de l'homme;
9. et l'homme n'a pas été créé à cause de la femme, mais la femme a été créée à cause de l'homme.
10. C'est pourquoi la femme, à cause des anges, doit avoir sur la tête une marque de l'autorité dont elle dépend.
11. Toutefois, dans le Seigneur, la femme n'est point sans l'homme, ni l'homme sans la femme.
12. Car, de même que la femme a été tirée de l'homme, de même l'homme existe par la femme, et tout vient de Dieu.
13. Jugez-en vous-mêmes: est-il convenable qu'une femme prie Dieu sans être voilée?

1Cor, 11, 5-13

Qui mérite un peu d'humilité, non ? A vouloir donner des leçons d'humanisme à la religion musulmane, mieux vaudrait préférer se souvenir que nous venons de très loin, nous aussi; que nous n'en sommes peut-être pas tant revenus que cela; que nos intégristes valent bien les leurs; que tout ceci cache mal une haine de l'humain !


B Chirac1) C'est bien en mantille que B Chirac se présenta à une audience devant Jean-Paul II, ainsi qu'à ses funérailles

 

 

 

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