Nietzsche

Volonté de puissance

nietzscheLes grands crimes dans la psychologie:
1) On a falsifié tout déplaisir, tout malheur, en y mêlant la culpabilité (la faute), (on a enlevé son innocence à la douleur);
2) On a stigmatisé tous les sentiments de plaisir intense (la pétulance, la volupté, le triomphe, la fierté, l'audace, la connaissance, l'assurance et le bonheur en soi), on les a mis en suspicion, y voyant le péché et la séduction;
3) On a prêté les noms les plus sacrés aux sentiments de faiblesse, aux lâchetés intimes, au manque de courage personnel, on les a affublés des noms les plus sacrés, pour enseigner qu'ils sont désirables au sens le plus élevé;
4) On a donné une fausse interprétation à tout ce qui est grand dans l'homme, pour en faire le reniement et le sacrifice de soi en faveur de quelque chose d'autre, pour les autres; même chez le connaisseur, même chez l'artiste le dépouillement de la personnalité a été traîtreusement présenté comme la cause de la connaissance la plus haute, du savoir le plus profond;
5) On a falsifié l'amour pour en faire l'abandon (et l'altruisme), tandis qu'en réalité il est une prise, et que seulement dans la surabondance de la personnalité il abandonne quelque chose de lui-même. Seules les personnes les plus entières peuvent aimer; celles qui ont dépouillé leur personnalité, " les objectifs " sont les plus mauvais amants (demandez donc aux femmes !). Il en est de même de l'amour de Dieu ou de la " patrie ": il faut pouvoir se reposer fortement sur soi-même. (L'égoïsme c'est l'intensification du moi, l'altruisme l'intensification du non-moi);
6) On a considéré la vie comme une punition, le bonheur comme une tentation, la passion comme quelque chose de diabolique; la confiance en soi comme impie.
Toute cette psychologie est une psychologie de l'entrave, une sorte d'emmurage par crainte; d'une part le grand nombre (les déshérités et les médiocres) veut se mettre en garde contre les plus forts ( - et les détruire dans leur développement), et, d'autre part, il veut sanctifier et faire garder seuls en honneur les instincts qui le font le mieux prospérer lui-même. Comparez le sacerdoce juif.