Dubito ergo sum
Croisée des
incertitudes : la journée d’hier m’a laissé bien interdit. D’un côté
l’affirmation de l’ADIUT très confiante, proclamant victoire après la
réunion du comité de suivi ; de l’autre des doutes : ce cadre national
à définir pour le contrat d’objectifs et de moyens, lequel évoque
d’ailleurs les obligations des I.U.T. pour oublier carrément les moyens.
Sans même évoquer le silence sur la dimension nationale que nous entendons
préserver des diplômes et du programme !
Qui
croire ? Ce comité de suivi qui devra définir la consolidation nationale
de ces moyens ? Mais comment faire confiance ? Notre ministre qui se
flatte à l’Assemblée d’une augmentation sans précédent des budgets alloués
aux universités ?
Communication ou mensonge ?
On glose
beaucoup, pour s’en enorgueillir parfois, de la fougue et habileté
communicationnelle de nos dirigeants – du premier d’entre tous,
notamment !
Mais
n’est-ce pas ceux-là, précisément, qui nous promirent la revalorisation de
la valeur travail, par le truchement du fallacieux travailler plus,
qui aboutit pourtant à son indéniable dégradation -via le refus de
toute augmentation des revenus autrement que par des heures
supplémentaires bien hypothétiques, d’ailleurs ? Ne sont-ce pas ceux-là
encore qui proclament avec un bel aplomb - où la fatuité le dispute au
cynisme le plus accompli - combien le travail le dimanche et la retraite à
70 ans représentent un réel progrès social !
Alors
effectivement pourquoi pas ces propos lénifiants de V Pécresse sur
l’avenir des IUT ?
Tendance
actuelle dont se repaît goulument la presse, mais qui reste la marque de
fabrique du pouvoir : l’antiphrase. Parler dans un sens ! Agir à l’inverse
!
Je veux bien
qu’au nom de la modernité et de l’habileté on s’en émerveille comme des
miracles de la communication ! De mon temps, on appelait cela mensonge !
Tout
simplement !
Du verbe haut à la réalité
honteuse
Qui
croire ?
Pourquoi
pas plutôt les présidents de Paris Sud Orsay et Montpellier III,
qui tous deux alertent sur la réalité d’une DGF en baisse mais avec des
charges en hausse (prime d’encadrement doctoral, allocations de
recherche…) sans compter évidemment les futures rétrocessions de postes !
Les universités qui se croyaient sous dotées, par un magique tour de
passe-passe se voient sur dotées et l’on observe que les crédits alloués
dans le cadre du plan Réussite en licence serviront, de fait, au
fonctionnement !
Pourquoi
pas, plutôt, Gilles Beréziat
lorsqu’il dénonce les quelques 27 suppressions à venir pour Paris
Descartes, 29 pour Paris Sud ? qui dénonce cette partie de bonneteau
où « la tactique est simple, imposer aux grandes universités une masse
salariale plancher minimale et renvoyer les marges de manœuvre nécessaires
à une négociation contractuelle qui surviendra plus tard. »
Réforme du
statut des enseignants chercheurs et remise en question des I.U.T. sont
liées !
Il faut
quand même comprendre que derrière la révision générale des politiques
publiques
, combien sous les engagements glorieux en faveur de la recherche, il n’y
a finalement qu’une politique de gribouille, qu’une comptabilité
d’Harpagon de sous-préfecture ! La présidente de Montpellier III montre
bien que le rapprochement entre la DGF et le nouveau statut des
enseignants-chercheurs aboutit, de fait, à intégrer le budget des heures
complémentaires dans les services statutaires ! Les universités, fières à
juste titre de leurs projets, tout auréolées de leur nouvelle autonomie en
trompe-l’œil, devront bien financer tout ceci : comment le faire
autrement, sinon en doublant, chaque fois que ce sera possible, les
services statutaires ?
La
modulation des services, quitte à jeter l’opprobre universitaire sur les
non publiants,
est une fabuleuse opportunité permettant demain d’assurer demain plus de
cours à budget constant !
C’est une
erreur manifeste de séparer la lutte pour les I.U.T. de celle des
enseignants chercheurs contre la révision du décret de 84 ! Ces deux
offensives trouvent leur sens dans le même contexte général du
désengagement de l’état !
C’est une
erreur manifeste que de suivre l’ADIUT dans sa gestion corporatiste d’un
Homais étriqué ! Où est le projet universitaire pour les I.U.T. ? Dans la
seule préservation des moyens ? Nécessaire, certes, mais aveugle si elle
ne se double pas d’une démarche globale ? Dans l’ignorance avaricieuse de
la destruction générale des politiques publiques ? Sûrement non !
Faire confiance en un ami qui vous a déjà trompé ?
C’est un
certain Descartes qui écrivit cela ! Descartes ! Cela devrait nous évoquer
quelque chose, non ?