Sabre & goupillon

Remonter Quelques photos Avenir Confiance Blog Dubito ergo sum Sauvons les IUT La guerre de 14 Black is beautiful Funeste allure Wall Street s'affole ! Avarice Sabre & goupillon Escroquerie Van Gogh Bruits de bottes ! Créationnisme Il y a 50 ans... Marc Aurèle Fécondité Pas d'or pour Laure ! Dissidence La barbe des fugitifs ! Enseigner Brutalité Mauvais goût ! A Une voix près ! Renoncer à la pub? Respect Provocation ou crime ? L'impossible démocratie? Non irlandais Périphériques Provocation ou ironie ? Jules Cesar Révolution Les Unes en 68 Fabrice Mourlon Etre libéral L'arroseur arrosé Bêtise Flamme Janus Leçon des Ténèbres Le style... c'est l'homme ! Elections Histoire Salon du livre 2008 le pouvoir et la transparence Temps long...temps court Sur la peur Logique de coq Responsabilité ou sûreté Assaut clérical ? Petit meurtre en famille Peuple en colère Mai 68 La peur & le père Eminence grise La recherche Credo conservatiste Libérer ! Opinion Eloge du mauvais goût Savoir et information Politique de civilisation Terre Promise Le moral des français Horizon

La vidéo des deux discours

La vidéo du discours des Bernardins

Remonter
Vérité & rationalité
Des devoirs...aucun droit !
Politique, intelligence & foi
La réception à l'Elysée
La réponse de Benoit XVI
Discours au Collège des Bernardins

Visite à Paris du 12 septembre 2008

2 temps forts pour ce premier jour :

bullet

la réception à l'Elysée où manifestement il se maintint dans une prudence qui contrastait avec l'empressement du président à proclamer, derechef, l'actualité de la laïcité positive. qu'il avait déjà amplement énoncée au Latran en fin d'année dernière. Prudence résultant peut-être d'une once de déception devant un président qui parle haut et fort, provoque à l'envi sans que toujours suivent les actes. En l'occurrence, échaudé peut-être par les réactions, sur la laïcité rien ne s'ensuivit !

bullet

le discours au collège des Bernardins où, dans l'histoire du monachisme, le pape cherche à tracer les fondements de la culture européenne.

Retour sur la laïcité

Aussi est-il légitime pour la démocratie et respectueux de la laïcité de dialoguer avec les religions. Les religions, et notamment la religion chrétienne avec laquelle nous partageons une longue histoire  sont des patrimoines vivants de réflexion et de pensée, pas seulement sur Dieu, mais aussi sur l’homme, sur la société, et même sur ces préoccupations aujourd’hui centrales que sont la nature et la défense de l’environnement. Ce serait une folie de nous en priver, tout simplement une faute contre la culture et contre la pensée.

A l'occasion du discours du Latran, nous avions déjà consacré quelques entrées à la question de la laïcité ... inutile d'y revenir. Sauf peut-être pour cette référence à la folie de se priver de religion!

Pour un pays qui mit tant de temps, et tant de heurts, à s'en séparer, c'est un peu fort ! On connaît l'approche très anglo-saxonne - pour ne pas dire américanophile - de notre président, inutile d'y revenir ; remarquons simplement le glissement lexical ici opéré bien dans la manière de notre président !

Du sacré à la religion ... de la religion à l'ordre !

Qu'on ne puisse éviter de se poser des questions sur son existence, qu'on n'évite ainsi jamais, un jour ou l'autre, de se poser la question de Dieu ou, en tout cas, de la spiritualité, évidemment ! Qu'une société ne puisse se dispenser d'assises solides et qu'elle les érige nécessairement en principes sacrés, assurément !

Mais quelle malhonnêteté intellectuelle de glisser ainsi du sacré à la religion !

Entre supposer que nulle société ne peut se priver d'un arrière-fond sacré et supposer que la religion est garant de l'ordre social ... il y a un gouffre et il a été franchi !

A Comte, en son temps, pressentant que toute société avait besoin d'une assise sacrée, crut la lui donner en fondant la religion de l'humanité qui seule, selon lui, pouvait assurer la synthèse entre le sentiment, la raison et l'action si fondatrice à ses yeux de l'harmonie. L'échec d'une telle religion est exemplaire, qui désigne à la fois que le temps des fondations ne se décrète pas, et surtout pas philosophiquement, et que, sans doute, une religion sans mystère n'a aucune chance de prendre. Il n'en reste pas moins que ce qui se joue dans le glissement du sacré au religieux, n'est rien d'autre que l'ordre ! La soumission de l'individu à un ordre supérieur , le refus acharné d'accorder quelque valeur que ce soit à l'individu qui ne vaut que pour la part qu'il prend dans la société à laquelle -au sens propre du terme - il appartient, débouche chez Comte sur le refus de tout droit, sur une logique de la soumission ! Que, dans son délire d'ordre, Comte en fût venu jusqu'à prévoir la date à laquelle une femme devait se marier, faire des enfants, illustre parfaitement que dans son souci d'harmonie, l'ordre prend très vite le pas sur le progrès !

Je ne suis pas sûr, quand j'entends notre président déclarer :

La démocratie ne peut se contenter de reposer sur l’addition arithmétique des suffrages, pas davantage que sur les mouvements passionnés des individus. La démocratie doit aussi procéder de l’argumentation et du raisonnement, rechercher honnêtement ce qui est bon et nécessaire, respecter des principes essentiels reconnus par ce que l’on appelle l’entendement commun

qu'il ne soit à la recherche d'un ordre comminatoire, contraignant et indiscutable, qui même travesti sous le noble vocable de dialogue, ne cache une doxa, une doctrine officielle que l'Etat manque de légitimité à imposer, que l'Eglise sut longtemps faire prévaloir. A la recherche d'une sorte de police de la pensée, Sarkozy a sans doute compris que la technocratie moderne ne saurait jamais être qu'un gouvernement des choses, et pas des hommes, qui a tendance à réifier, à transformer en marchandise tout ce qu'elle appréhende, et que ceci est largement insuffisant à assurer cohérence à la société, surtout aujourd'hui dans la mesure où elle est beaucoup plus plurielle, protéiforme qu'elle ne le fut jamais, sous le coup de buttoir de la mondialisation et de l'immigration, notamment !

Comment ne pas songer à l'expression sans foi ni loi : nous sommes ici dans une démarche du type foi pour qu'il y ait loi plus efficace.

On comprend peut-être mieux la réaction plutôt maussade du pape : l'instrumentalisation de la religion n'est peut-être pas faite pour lui plaire totalement !

La réponse de Benoît XVI

(…) Les jeunes sont ma préoccupation majeure. Certains d’entre eux peinent à trouver une orientation qui leur convienne
ou souffrent d’une perte de repères dans leur famille. D’autres encore expérimentent les limites d’un communautarisme religieux. Parfois marginalisés et souvent abandonnés à eux-mêmes, ils sont fragiles et ils doivent affronter seuls une réalité qui les dépasse. Il est donc nécessaire de leur offrir un bon cadre éducatif et de les encourager à respecter et à aider les autres, afin qu’ils arrivent sereinement à l’âge responsable

Nous y voici donc bien ! Derrière l'approche de la laïcité sous la forme du dialogue - ce qui n'est guère contestable - se profile la reconnaissance notamment du rôle pédagogique, éducatif, de l'église et donc le retour en pleine puissance des congrégations ! Se profile, sous-jacente, l'affirmation de l'échec de l'école publique, en tout cas de son insuffisance !

Le retour de l'ordre moral ?

« Avec l'aide de Dieu, le dévouement de notre armée, qui sera toujours l'esclave de la loi, avec l'appui de tous les honnêtes gens, nous continuerons l'œuvre de la libération de notre territoire, et le rétablissement de l'ordre moral de notre pays. Nous maintiendrons la paix intérieure et les principes sur lesquels repose notre société ».

On se souvient que ce fut par ces termes que Mac Mahon présenta le gouvernement De Broglie en mai 1873 , prélude à la dissolution de la Chambre, et dont l'échec verra la victoire définitive des républicains sur les monarchistes. La séparation, certes douloureuse de 1905, n'est finalement que la résultante de la si difficile acceptation par l'église de la république ! Et de la perte de son magistère moral exclusif ! Qu'on le veuille ou non, la remise en question de la république s'est toujours déroulée sous l'aune de l'ordre moral - la révolution nationale de Pétain en étant le dernier exemple connu 2!

Il y a toujours péril quand l'état se pique de vouloir donner un sens à l'existence parce qu'il ne peut pas ne pas vouloir empiéter un jour ou l'autre sur les prérogatives privées. Comment ici encore ne pas songer à ce sentiment de toute puissance qui étreint l'homme de pouvoir ? La république quant à elle relève d'une autre tradition à la fois plus humble et plus ambitieuse : parce qu'elle se donne le peuple comme fondement et destination, elle n'a d'autre souci que l'intérêt général et jongle, comme elle le peut, entre les contraintes du global et les nécessités du local, entre le général et le particulier. En reléguant le religieux dans la sphère privée, non seulement elle ne le mésestime pas mais lui reconnaît les attributs de la liberté inaliénable mais lui interdit en même temps de pouvoir intervenir ex cathedra dans la sphère publique ! Or, c'est justement sur cela que le pouvoir semble être en train de revenir : en faisant de l'église, en tant que telle, un interlocuteur dont on attend du sens !

Laïcité positive dès lors se comprend mieux : la réhabilitation de l'église en tant qu'acteur de plein droit de la sphère sociale -en attendant politique !

1) voir

mais aussi

mais encore

2) se souvenir que Maurras en voyant les troupes allemandes défiler à Paris en 40 parla d'une divine surprise et s'exclama au verdict de son procès à la Libération : c'est la revanche de Dreyfus !

 

 


Discours du pape Benoît XVI et de Nicolas Sarkozy
envoyé par publicsenat
 Lire ces discours

 

 

 

 

 


Discours du Pape Benoît XVI
envoyé par publicsenat

on peut lire le texte de ce discours ici