![]() ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() |
Visite à Paris du 12 septembre 20082 temps forts pour ce premier jour :
Retour sur la laïcitéAussi est-il légitime pour la démocratie et respectueux de la laïcité de dialoguer avec les religions. Les religions, et notamment la religion chrétienne avec laquelle nous partageons une longue histoire sont des patrimoines vivants de réflexion et de pensée, pas seulement sur Dieu, mais aussi sur l’homme, sur la société, et même sur ces préoccupations aujourd’hui centrales que sont la nature et la défense de l’environnement. Ce serait une folie de nous en priver, tout simplement une faute contre la culture et contre la pensée.
Pour un pays qui mit tant de temps, et tant de heurts, à s'en séparer, c'est un peu fort ! On connaît l'approche très anglo-saxonne - pour ne pas dire américanophile - de notre président, inutile d'y revenir ; remarquons simplement le glissement lexical ici opéré bien dans la manière de notre président ! Du sacré à la religion ... de la religion à l'ordre !Qu'on ne puisse éviter de se poser des questions sur son existence, qu'on n'évite ainsi jamais, un jour ou l'autre, de se poser la question de Dieu ou, en tout cas, de la spiritualité, évidemment ! Qu'une société ne puisse se dispenser d'assises solides et qu'elle les érige nécessairement en principes sacrés, assurément ! Mais quelle malhonnêteté intellectuelle de glisser ainsi du sacré à la religion ! Entre supposer que nulle société ne peut se priver d'un arrière-fond sacré et supposer que la religion est garant de l'ordre social ... il y a un gouffre et il a été franchi ! A Comte, en son temps, pressentant que toute société avait besoin d'une assise sacrée, crut la lui donner en fondant la religion de l'humanité qui seule, selon lui, pouvait assurer la synthèse entre le sentiment, la raison et l'action si fondatrice à ses yeux de l'harmonie. L'échec d'une telle religion est exemplaire, qui désigne à la fois que le temps des fondations ne se décrète pas, et surtout pas philosophiquement, et que, sans doute, une religion sans mystère n'a aucune chance de prendre. Il n'en reste pas moins que ce qui se joue dans le glissement du sacré au religieux, n'est rien d'autre que l'ordre ! La soumission de l'individu à un ordre supérieur , le refus acharné d'accorder quelque valeur que ce soit à l'individu qui ne vaut que pour la part qu'il prend dans la société à laquelle -au sens propre du terme - il appartient, débouche chez Comte sur le refus de tout droit, sur une logique de la soumission ! Que, dans son délire d'ordre, Comte en fût venu jusqu'à prévoir la date à laquelle une femme devait se marier, faire des enfants, illustre parfaitement que dans son souci d'harmonie, l'ordre prend très vite le pas sur le progrès ! Je ne suis pas sûr, quand j'entends notre président déclarer : La démocratie ne peut se contenter de reposer sur l’addition arithmétique des suffrages, pas davantage que sur les mouvements passionnés des individus. La démocratie doit aussi procéder de l’argumentation et du raisonnement, rechercher honnêtement ce qui est bon et nécessaire, respecter des principes essentiels reconnus par ce que l’on appelle l’entendement commun qu'il ne soit à la recherche d'un ordre comminatoire, contraignant et indiscutable, qui même travesti sous le noble vocable de dialogue, ne cache une doxa, une doctrine officielle que l'Etat manque de légitimité à imposer, que l'Eglise sut longtemps faire prévaloir. A la recherche d'une sorte de police de la pensée, Sarkozy a sans doute compris que la technocratie moderne ne saurait jamais être qu'un gouvernement des choses, et pas des hommes, qui a tendance à réifier, à transformer en marchandise tout ce qu'elle appréhende, et que ceci est largement insuffisant à assurer cohérence à la société, surtout aujourd'hui dans la mesure où elle est beaucoup plus plurielle, protéiforme qu'elle ne le fut jamais, sous le coup de buttoir de la mondialisation et de l'immigration, notamment ! Comment ne pas songer à l'expression sans foi ni loi : nous sommes ici dans une démarche du type foi pour qu'il y ait loi plus efficace. On comprend peut-être mieux la réaction plutôt maussade du pape : l'instrumentalisation de la religion n'est peut-être pas faite pour lui plaire totalement ! La réponse de Benoît XVI(…) Les jeunes sont ma préoccupation majeure. Certains
d’entre eux peinent à trouver une orientation qui leur convienne Nous y voici donc bien ! Derrière l'approche de la laïcité sous la forme du dialogue - ce qui n'est guère contestable - se profile la reconnaissance notamment du rôle pédagogique, éducatif, de l'église et donc le retour en pleine puissance des congrégations ! Se profile, sous-jacente, l'affirmation de l'échec de l'école publique, en tout cas de son insuffisance !
|
Lire ces discours
on peut lire le texte de ce discours ici