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Une histoire, loin d'être achevée, d'une réforme ambivalente, ratée dès l'origine.

Annonce à la sauvette De la publicité Du service public
La fin du modèle français? Politique culturelle? Nos contradictions

Une annonce à la sauvette ? une annonce surprise en tout cas !

 


Sarkozy veut supprimer la pub sur les chaines publiques
envoyé par alatele75

Deux points méritent d'être notés dans cette logique de l'effet d'annonce:
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l'inscription de cette réforme dans le cadre de la politique de civilisation

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la nique faite à la gauche dans un argumentaire du type  Ils en ont parlé, moi je le fais !

Sur le premier point, que dire ? sinon que c'est vouloir donner à cette réforme une importance qu'elle n'a sans doute pas et que son apparente impréparation ne justifie en tout cas pas !

Sur le second, qu'il s'agit évidemment d'un assez joli tour de passe-passe ... tant qu'on n'y regarde pas de trop près ! Si la gauche, en son temps, renonça à cette réforme, c'était peut-être aussi parce qu'elle s'avérait poser plus de problèmes qu'elle n'en résolvait !

De la publicité

Elle m'a toujours semblé posé trois types de questions :
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ce n'est pas de la culture, ce n'est pas de la communication. Il ne s'agit en réalité que d'une technique de vente, une technique visant à déclencher l'acte d'achat ! Que certaines soient plutôt bien tournées n'enlève rien à leur dimension instrumentale.

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le financement de la pub est élevé et, en réalité, tout entier porté par le consommateur et son efficacité plus que douteuse. Rajoutons, et ce n'est pas rien , que la pub TV déplaçant le début des programmes d'au moins une demi-heure en soirée, représente ainsi un surcoût énergétique qui ne saurait être négligeable !

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Sans tomber dans une posture puritaine telle qu'un Garaudy put la tenir il y a presque trente ans, force n'est-il pas néanmoins de constater que la publicité en s'incrustant dans les programmes d'information ou de culture finisse toujours par faire prévaloir la logique de la sensation et de la subjectivité ?

De la TV comme service public

Des trois missions originairement confiées à la TV (informer, cultiver, distraire) on sait bien que la seconde est restée lettre quasi morte et que la première est toujours fragile ! Pour autant la multiplication des chaînes - notamment du service public - auront offert des espaces possibles à la culture sans que pour autant celle-ci se fût enfermée dans un quelconque ghetto !

Il n'est pas faux que la non soumission directe de la TV publique aux impératifs de l'audience, lui permettra toujours d'oser plus et mieux que ne le pourra jamais une TV privée : un opéra diffusé à la TV, même s'il ne fait que 300 000 spectateurs en fera toujours 10 fois plus que le même opéra en salle ! Le service du public c'est cela aussi !

Pour autant il ne faut pas tomber dans le piège de réserver la qualité au service public : il y a bien eu déjà de bons programmes sur les chaînes privées ! L'argument utilisé par Sarkozy est donc bien fallacieux, au sens précis du terme : il vise à induire en erreur !

On y retrouve l'argument apparemment imparable, faussement évident : tv publique/ressources publiques; tv privées/ ressources privées ! Avec à côté un autre parallèle bien plus ambigu encore  public/qualité et privé / quoi ? (quantité ou daube infâme? ) ! Mais s'est-on seulement mis d'accord, au préalable, sur ce que l'on entend par qualité ? Et d'ailleurs, le peut-on seulement ?

Renoncer, par avance, aux imputations politiciennes, voire aux suspicions de favoritisme à l'égard des groupes privés, amis du président ! Il faut voir plus loin. Qu'une telle réforme arrange les Bolloré et autres Bouygues, sans doute ! mais ramener les fondements d'une réforme à de simples arrangements privés, serait vraiment ramener l'analyse politique à peu de choses !

La fin du modèle français?

Héritage de l'immédiat après-guerre, héritage aussi de la Résistance qui avait su imprimer à la politique française quelques relents de gauche, le service public (de l'énergie à la santé en passant par la culture, la poste etc) offrait à l'Etat un champ d'action bien plus large que ses seules fonctions régaliennes à quoi les thèses libérales voudraient le voir réduire.

On le sait, jusqu'aux années 75, jusqu'à l'offensive libérale initiée par un Reagan et Thatcher , la France suivit une stratégie dirigiste qu'elle abandonna progressivement sous les coups de buttoir de l'offensive libérale et ce, paradoxalement, sous des gouvernements de gauche: elle le fit en ouvrant à la concurrence des secteurs jusqu'alors réservés au service public avant de finalement les privatiser

France Telecom reste un excellent exemple ... L'ouverture à la concurrence s'acheva inéluctablement par la disparition pure et simple du service public, par la privatisation.  GDF fusionne avec Suez : comment ne pas redouter que, demain, l'Etat ne s'y débarrasse de ses intérêts comme il le fit déjà ?

Qu'en pourrait-il être de la TV ?

Une saine logique voudrait que la concurrence impliquât des moyens équivalents: donc des ressources publicitaires possibles pour les uns et les autres. Si l'on devait biaiser les règles de cette concurrence ce ne peut être que pour deux raisons:
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étouffer progressivement la TV publique

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la soumettre directement au pouvoir et en faire un instrument idéologique de propagande (La voix de la France) selon Pompidou )

La récente déclaration de Sarkozy indiquant que le président de la TV publique devait être nommé par l'exécutif plutôt que par le CSA semble indiquer que l'on veut aller dans ce sens. Outre que ce serait une régression en matière d'indépendance de l'information, on mesure surtout la contradiction qu'il y aura, en la matière, entre le credo libéral et cette volonté explicite de reprendre la main sur l'audio-visuel public; on devine encore l'insolence qu'il y aurait, pour l'exécutif, à vouloir définir à la place du public, ce qu'est un spectacle de qualité, on mesure surtout le paradoxe qu'il y aurait à lui permettre de définir pour son propre compte les critères d'indépendance.

Reste la seule question qui vaille...
Quelle politique culturelle?

Jamais sans doute un media n'aura, dans l'histoire, bénéficié ni d'une telle hégémonie ni de tels progrès techniques.

Qu'on le veuille ou non, la TV est le moyen quasi exclusif par lequel les français s'informent, se divertissent, se cultivent....Comment espérer que le pouvoir n'y veuille pas mettre son nez ? comment ne pas désespérer de la médiocrité des enjeux?

La question n'est peut-être pas tant de la vulgarité des programmes, que de l'impossibilité où nous fûmes, en un demi siècle, et ceci en dépit de la pluralité désormais infinie des chaînes, de promouvoir à côté de programmes de divertissement, des programmes culturels hors des deux ghettos que sont Arte et la cinquième ! La question, que personne ne pose, la question, décidément incorrecte ou iconoclaste, devient alors: est-il décidément impossible de développer une culture du grand nombre ? La culture peut-elle être autre chose à la TV qu'un prétexte permettant de justifier la cohorte d'émissions sportives ou de bavardage plateau, qui elles sont pourvoyeuses de ressources publicitaires?

Pour peu que l'on accepte de s'abonner à un bouquet payant quelconque, à un prix qui n'excède pas celui d'un forfait téléphonique mobile, nul doute que nous pouvons trouver des programmes couvrant correctement l'étendue de la vie culturelle. La technique, en multipliant les canaux, en ouvrant de nouveaux modes de diffusion de ces canaux, a résolu d'une certaine manière la question de l'offre !

Mais qu'en est-il de la demande ?

On peut toujours adopter une posture élitiste, esquissant une moue méprisante sur l'indigence culturelle du grand nombre et sur la pauvreté de ses aspirations. On sait où ceci conduit ! On peut prendre une position apparemment humaniste mais qui confine en réalité plutôt à celle charitablement sirupeuse  d'une souris de sacristie, visant à évangéliser les masses en les inondant de programmes bien pensants .

 Les deux sont également détestables.

Pas plus qu'on ne peut politiquement déterminer les orientations de la recherche scientifique, pas plus l'on ne le devrait d'une stratégie culturelle : nos gouvernants devraient savoir, en tout cas l'apprendre vite, qu'on ne gère pas la culture comme une entreprise, que la culture est réalité bien trop complexe pour qu'on puisse la juger sur de quelconques résultats, qu'on ne saurait au reste définir !

C'est bien sans doute ici que le bât blesse : que le président décide de nommer lui-même le président de France Télévisions au nom de ce que l'actionnaire majoritaire doit pouvoir déterminer la politique du groupe qu'il possède montre à l'envi combien nos dirigeants n'ont rien compris, ou feignent de ne rien comprendre à la culture ! Que si le libéralisme est plutôt le gouvernement des choses que celui des hommes, ce qui explique cette itérative propension à ne considérer dans les hommes que la valeur qu'ils peuvent produire, et dans la liberté que celle des échanges et de la concurrence, et dans la culture qu'une marchandise susceptible de générer du profit plutôt que l'expression même de la réalité humaine, nous ne cessons néanmoins, en France tout du moins, de vouloir conjuguer les affres des deux systèmes opposés : du libéralisme nous revendiquons la marchandisation; du dirigisme nous conservons encore le goût de la parole officielle ! D'une certaine manière nous conservons les inconvénients des deux systèmes!

Comment expliquer cette contradiction ?

La logique libérale de notre président, son affectation, affichée, à imiter le modèle américain, devrait aboutir à laisser jouer les lois du marchés et à considérer la TV comme la culture en général comme devant rester hors du périmètre d'action de l'Etat C'est pourtant ce qui se passe pour les associations qui voient réduites à la portion congrue leurs subventions ...
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1e hypothèse: le pouvoir vise l'abandon du service public audio-visuel mais n'ayant pas les moyens politiques de le décider, il le programme par l'assèchement des ressources publicitaires de ce dernier !

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2e hypothèse : l'histoire, la prétention à l'universel de la France, sa tradition culturelle interdisent que notre aura disparaisse dans les entrelacs des conglomérats, fusions et autre OPA des grands groupes médiatiques internationaux ! Mais alors, la TV, parce qu'affaire de prestige, devient ipso facto affaire politique majeure !

Le fond de l'affaire est sans doute à rechercher dans notre rapport si ambigu au libéralisme (voir les récentes déclarations de Delanoë) : il semble bien que les anglo-saxons eurent toujours de la liberté une appréhension pragmatique - la liberté n'a de sens qu'au lieu où elle s'exerce, dans la cité - et donc en s'acharnant à la garantir politiquement en firent la condition même, indépassable, de toute activité économique. L'égalité, dans cette perspective, n'est plus véritablement au fondement du système, mais la résultante des efforts individuels que la liberté rend possible, mais ne garantit pas ! Alors que, dans la perspective  de 89, l'égalité est constamment associée à la liberté : ce qui signifie aussi que l'économie est affaire politique et non que la politique soit affaire d'économie !