Brutalité

Lexique 2008 Quelques portraits

Quelques photos
Avenir
Confiance
Blog
Dubito ergo sum
Sauvons les IUT
La guerre de 14
Black is beautiful
Funeste allure
Wall Street s'affole !
Avarice
Sabre & goupillon
Escroquerie
Van Gogh
Bruits de bottes !
Créationnisme
Il y a 50 ans...
Marc Aurèle
Fécondité
Pas d'or pour Laure !
Dissidence
La barbe des fugitifs !
Enseigner
Brutalité
Mauvais goût !
A Une voix près !
Renoncer à la pub?
Respect
Provocation ou crime ?
L'impossible démocratie?
Non irlandais
Périphériques
Provocation ou ironie ?
Jules Cesar
Révolution
Les Unes en 68
Fabrice Mourlon
Etre libéral
L'arroseur arrosé
Bêtise
Flamme
Janus
Leçon des Ténèbres
Le style... c'est l'homme !
Elections
Histoire
Salon du livre 2008
le pouvoir et la transparence
Temps long...temps court
Sur la peur
Logique de coq
Responsabilité ou sûreté
Assaut clérical ?
Petit meurtre en famille
Peuple en colère
Mai 68
La peur & le père
Eminence grise
La recherche
Credo conservatiste
Libérer !
Opinion
Eloge du mauvais goût
Savoir et information
Politique de civilisation
Terre Promise
Le moral des français
Horizon

Modernisation de la défense: Matignon présente la liste (82) des unités supprimées

C'est le mot qui n'est venu immédiatement à l'esprit en entendant ceci ! Brutalité dans les propos, dans la manière de gérer les problèmes, de prendre des décisions sans vraiment entendre l'autre ...

Tailler dans les effectifs à coup de serpe, en mesurant sans doute les conséquences mais en n'en tenant pas compte, dans l'armée aujourd'hui, dans le corps des fonctionnaires hier... au nom de la modernité, de la flexibilité, de la rigueur !

On évoque souvent, çà et là, cette gestion purement comptable de la fonction publique : ce  n'est pas faux ! Une gestion comptable de bon aloi vise l'équilibre et se drape de prudence ! Rien n'est plus étranger, par définition, à la comptabilité, que le déséquilibre : or, le déséquilibre, c'est la vie même !

Une gestion plus qu'une politique

Où est la brutalité ici ?

bullet

ne raisonner, en bon technicien, que dans un seul registre, ici comptable et ne pas tenir compte des autres, sociaux, économiques voire politiques qui pourraient atténuer la rigueur des conséquences prévisibles

bullet

raisonner dans l'immédiat et ne pas tenir compte du temps ! C'est ainsi souvent que se déterminent les entreprises qui n'hésitent pas à dégraisser leurs effectifs un jour, quitte à recruter de nouveau quelques mois plus tard, à licencier ici, pour délocaliser ailleurs etc.

Etre brutal c'est ainsi ne jamais temporiser, ne jamais tempérer ! Ce ne saurait être un hasard si ces termes ont la même étymologie !

La violence physique est une négation de l'autre par sa sujétion, sa négation ou, au moins par sa blessure ! Elle est réduction de l'autre au corps; la brutalité, quant à elle, en niant le temps, la durée en tout cas, réduit l'autre à son être-là, ce qui est une autre manière de le réifier puisqu'on n'envisage plus de lui que cette seule dimension que l'on cherche à réduire !

C'est ainsi, de plus en plus, qu'apparaît la conduite sarkozyste de la politique: l'urgence et la brutalité ! Comme si ce pouvoir refusait de s'inscrire dans la durée, ou devinait ne pouvoir en bénéficier longtemps !

C'est en ceci que ce pouvoir n'est pas politique !

L'essence même du pouvoir consiste précisément à tempérer, à atténuer sinon les inégalités du moins à en émousser les effets les plus cruels, surtout dans une tradition républicaine. On ne confie ses droits fondamentaux au pouvoir, et c'est ici l'essence du contrat social, que pour en tirer bénéfice ou, au minimum, moindre mal ! Quand le pouvoir n'est plus ce qui protège mais menace, alors non seulement il ne remplit plus son rôle mais surtout il menace le corps social tout entier .

Je me suis toujours efforcé d’échapper au préjugé proclamant avec enthousiasme que notre civilisation est le bien le plus précieux que nous puissions acquérir; et que ses progrès nous élèveront nécessairement à un degré insoupçonné de perfection...
La question du sort de l’espèce humaine me semble se poser ainsi: le progrès de la civilisation saura-t-il, et dans quelle mesure, dominer les perturbations apportées à la vie en commun par les pulsions humaines d’agression et d’autodestruction? A ce point de vue l’époque actuelle mérite peut-être une attention toute particulière. Les hommes d’aujourd’hui ont poussé si loin la maîtrise des forces de la nature qu’avec leur aide il leur est devenu facile de s’exterminer mutuellement jusqu’au dernier. Ils le savent bien, et c’est ce qui explique une bonne part de leur agitation présente, de leur malheur et de leur angoisse. 1

Comment ne pas songer à cette formule de Freud, qui, à la fin des années vingt, pressent la montée du nazisme, et voit monter les pulsions sadiques ! Régression que cette montée d'un état psychologique propédeutique, régression que cette coloration sadique du pouvoir !

Dans cette dialectique originaire, l'enfant ne peut s'affirmer qu'en niant le monde qui le nie, en brisant, cassant ce qu'il touche et en en éprouvant plaisir parce qu'il affiche sa présence et puissance.

Nous sommes peut-être parvenus à la fin d'un cycle : on ne parle plus d'état providence, on se demande même si l'état est encore capable, autrement qu'en renforçant la répression (et donc police, d'ailleurs, plus que justice) de défendre les droits naturels de chacun - en particulier sa sécurité !

L'état n'est plus protecteur juste père fouettard, culpabilisant, punissant, bousculant !

Quand l'état ne protège pas de la nature, pas de la société non plus, quand il est plus objet de crainte que d'espérance, alors... que peut-il pour empêcher que chacun ne donne libre cours à sa vengeance ou droit de poursuite, quoi peut empêcher l'explosion sociale ? De retomber dans l'état de rudesse, de violence, d'injustice ?

1) Freud, Malaise dans la civilisation