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"Qu'est-ce qui les a menés jusqu'au temple ? La réponse n'est pas facile à donner, et ne peut certes pas tomber sans nuance. Tout d'abord, je crois, avec Shopenhauer, que l'un des mobiles les plus puissants, conduisant à l'Art ou à la Science, est d'échapper à la vie quotidienne, avec ses cruelles rigueurs et sa morne désolation, (d'échapper) aux entraves des désirs à jamais mouvants du particulier. il pousse l'homme délicatement accordé hors de son existence individuelle, dans le monde de la contemplation et de l'appréhension objectives ; il est comparable, ce mobile, à cette nostalgie qui retient irrésistiblement le citadin, hors de ses banlieues de confusion (unübersichtlich) et de rumeurs, vers le calme du site de haute montagne, où le regard vole au loin, à travers l'air pur et silencieux, pour se poser sur des contours paisibles, qui paraissent créés pour l'éternité. Mais, à ce mobile négatif, s'en adjoint un positif. L'homme cherche à former, de quelque façon qui lui convienne, une vision du monde simplifiée, s'embrassant d'un coup d'oeil (ein (...) übersichtliches Bild des Welt), et à dépasser ainsi le monde du vécu, en ce qu'il aspire à le suppléer, jusqu'à un certain point, par cette vision. C'est ce que fait le peintre, le poète, le philosophe spéculatif, et le chercheur scientifique (Naturforscher), chacun à sa façon. C'est dans cette image, et dans sa configuration (Gestaltung), qu'il reporte le centre de gravité de sa vie affective, afin de trouver, par là, l'aplomb et la sérénité qu'il ne peut trouver dans la sphère par trop étriquée de l'expérience (Erlebens) personnelle avec ses tourbillons."      Einstein

 

      


Einstein - Universit H bra que
envoyé par Ben-Yehuda

Instrumentalisation de la recherche

On connaît les termes du débat : inutile d'y revenir ! On connaît également les forces en présence : elles se sont fait connaître lors du vote de la loi Pécresse. Même inspiration -libérale - derrière le constat en lui-même juste de l'indigence dans laquelle on a laissé l'université française, que ce soit dans son versant enseignement ou dans celui de la recherche.

Quand on n'a pas d'argent à mettre dans le pot, on botte en touche, du côté de la réforme de structure .

Que signifie agence de moyens? Que signifie mettre en œuvre une politique de recherche définie par le gouvernement?

 On retrouve ici le problème central du politique en bonne règle démocratique qui doit évidemment primer sur le technique. De ce point de vue, il n'y a rien à redire : l'autorité publique est comptable de l'argent public, il est donc logique qu'elle veille à son utilisation. Est-ce à dire qu'elle doive pour autant en définir la politique? et jusqu'à quel point de précision ?

Le risque est énorme qu'on en vienne à confondre science et technique et qu'on ne privilégie, dans la recherche, non point tant la connaissance que l'efficacité, qu'on réduise en tout cas la recherche à la recherche appliquée en négligeant la recherche fondamentale.

Les exemples sont trop nombreux dans l'histoire des sciences de grandes découvertes faites hors de toute préoccupation pratique pour qu'il soit utile de les souligner.

Il est tout à fait prévisible que le gouvernement s'attende à des résultats et ce d'autant plus que l'actuel président est entiché de cette culture managériale du résultat. Il n'y a qu'à se souvenir de la volonté d'évaluer les ministres !!!

Il est donc tout à fait prévisible que l'on privilégie la recherche appliquée - et que dire de la recherche en sciences humaines dont on voit difficilement les utilisations immédiates....

Il ne s'agit pas pour autant de défendre le système actuel, qui n'est pas parfait, mais simplement d'anticiper une dérive qui risque bien de soumettre la nécessaire liberté des chercheurs aux impératifs de la stricte nécessité publique - et de l'efficacité immédiate.

Au delà de toute considération politicienne, il faut simplement admettre que :
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laisser en l'état les statuts si précaires  et les rémunérations des chercheurs c'est objectivement les empêcher de poursuivre jamais leur travail dans des conditions correctes et encourager en réalité la fuite des cerveaux.

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instrumentaliser ainsi la recherche c'est tout simplement la brider et risquer qu'elle soit stérile en ceci justement que l'on aura entravé l'imagination scientifique .

 

1) texte du discours

2) c'est le sens de la réaction du collectif Sauvons la recherche
sur les positions du collectif on peut notamment regarder ceci
et lire, signer,  la pétition

 


 
M. Sarkozy veut une réforme radicale du système de recherche français

ORSAY (Essonne) ENVOYÉ SPÉCIAL
Lors d'un hommage au Prix Nobel de physique Albert Fert, le chef de l'Etat a mis les universités au centre de la politique scientifique nationale


 

Un discours au canon. Nicolas Sarkozy, venu sur le campus d'Orsay, lundi 28 janvier, rendre hommage au Prix Nobel de physique 2007 Albert Fert, a longuement exposé sa vision de l'organisation de la recherche française. Une vision qui marque une rupture radicale avec le système actuel et - il ne peut l'ignorer - annonce de nouveaux bras de fer avec les chercheurs.

Jamais, depuis son élection, le président de la République ne s'était exprimé aussi nettement sur ce sujet. Saluant " la qualité exceptionnelle " des scientifiques français, il n'en a dépeint qu'en termes plus cinglants un dispositif de recherche " vieux d'un demi-siècle et qui nous pénalise ", gangrené par la " balkanisation " et menacé de " paralysie ". " Il faut avoir le courage de reconnaître une maladie et de la traiter ", a-t-il lancé, en prenant pour symptômes le mauvais classement mondial des universités françaises.

" D'ici 2012, a-t-il assuré, nous porterons à 3 % du PIB - contre 2,12 % en 2006 - notre effort de recherche, ce qui signifie 15 milliards d'euros supplémentaires, dont 4 à la charge de la puissance publique. " Un engagement conforme aux promesses du candidat pour les financements publics mais qui, pour les 11 milliards d'euros restants, suppose un investissement sans précédent des entreprises.

" Cet effort budgétaire massif sera indissociable de la réforme ", prévient M. Sarkozy qui, sans craindre la provocation, reprend à son compte le slogan " sauver la recherche ", antinomique à ses yeux avec " l'immobilisme ". Partisan d'une " véritable refondation ", il entend " mettre progressivement l'université au centre de notre dispositif de recherche ", sur le modèle des " systèmes les plus performants du monde ".

Les grands organismes, tels que le CNRS, verront leurs missions " redéfinies ". Devenus " agences de moyens davantage qu'opérateurs ", ils " mettront en oeuvre la politique scientifique que le gouvernement leur aura confiée ". Ce qui revient à en faire de simples exécutants, dépourvus de politique scientifique propre. " A terme, ils ne devraient conserver que les activités qui gagnent à être coordonnées au niveau national (grands moyens de calcul, grands équipements et plates-formes technologiques...), précise le chef de l'Etat. Toutes les autres activités ont vocation à se développer dans les laboratoires universitaires, dans un esprit de compétition ".

Aiguillonné peut-être par le rapport Attali, M. Sarkozy est également décidé à remettre à plat le statut des chercheurs. S'il n'est " pas question " de revenir sur celui des personnels en activité, et " tout en maintenant un volant de postes statutaires ", il souhaite, à la faveur du remplacement des 30 % qui prendront leur retraite d'ici 2012, " introduire un peu de flexibilité ", avec " des rémunérations plus attractives pour les jeunes docteurs les plus brillants ".

Avec ce discours iconoclaste, M. Sarkozy assume le risque de relancer la fronde des scientifiques. " Nous espérions que le principe de réalité l'emporterait sur l'idéologie, il n'en est rien ", commentait, " consterné ", Bertrand Monthubert, président de Sauvons la recherche. L'association diffusait un discours pastiche, où le chef de l'Etat annonçait " une indépendance renforcée " de la recherche et la création annuelle de 5 000 postes. Une " rupture " aussi, mais de tout autre nature.

Pierre Le Hir

 Pétition de Sauvons la recherche

"L’enseignement et la connaissance sont importants parce qu’ils définissent ce qui, à travers les siècles, a fait de nous des humains, et non parce qu’ils peuvent améliorer notre compétitivité mondiale", ainsi s’exprimait récemment D. Faust, présidente de l’université de Harvard. Comme l’université française a assumé depuis vingt ans un quasi-doublement des effectifs étudiants sans moyens suffisants pour accompagner cette évolution, elle se trouve aujourd’hui en grande difficulté pour remplir les missions de production et de transmission des connaissances qu’implique une telle vision. Pour améliorer cette situation, de nombreuses propositions ont été formulées par la communauté scientifique. Mais le gouvernement les a ignorées et a tiré argument des difficultés réelles de l’université pour transformer complètement, brutalement et sans réelle concertation, l’ensemble du dispositif national de recherche et d’enseignement supérieur, afin que celui-ci puisse être géré comme une entreprise, afin qu’un objectif majeur de l’enseignement supérieur soit la professionnalisation immédiate, et que la recherche soit avant tout finalisée et à court terme.

L’urgence aurait dû être d’investir massivement dans les universités, y compris en moyens humains. Mais l’urgence pour le gouvernement a été la mise en place de la LRU (Loi libertés et responsabilités des universités), c’est-à-dire un cadre (l’autonomie des universités) qui lui permette d’accélérer un désengagement financier, tout en masquant cette démarche par des effets d’annonce. Cette autonomie verra un fort accroissement des pouvoirs attribués aux présidents d’université, qui auront en particulier la haute main sur les processus de recrutement de personnel, au mépris de la norme internationale, qui recommande un recrutement par des pairs compétents.

L’autonomie scientifique des universités ne sera qu’une façade dans une construction dirigiste et centralisée entièrement contrôlée par l’ANR (Agence Nationale de la Recherche), imposant une recherche sur projets à court terme, sans prise de risque, sur les axes détaillés établis par le ministère, avec un nombre croissant de personnels précaires. Ce dispositif de contrôle du champ scientifique par le politique est complété par l’AERES, agence d’évaluation entièrement constituée de personnalités nommées.

Les phénomènes de concentration de pouvoirs sans contre-pouvoirs seront aggravés par la disparition programmée des EPST en tant qu’organismes de recherche ayant une politique scientifique autonome, en particulier le CNRS, principal vecteur d’une recherche non finalisée sur le long terme privilégiant la pluridisciplinarité et la prise de risque. Les UMR (Unités Mixtes de Recherche, dépendant d’une université et d’un organisme de recherche), représentent l’endroit où peut s’articuler une vision nationale et internationale assurée par les organismes de recherche, et la dimension locale qui relève de l’université de tutelle. Cette articulation permet de coordonner l’effort de recherche dans chaque champ disciplinaire et dans le contexte international. La commission d’Aubert prépare aujourd’hui la suppression de fait de cette double tutelle, et s’apprête ainsi à casser un système qui a fait la preuve de ses vertus structurantes.

Face à ces mesures qui nous paraissent inadaptées et dangereuses, nous demandons :
- Pour les acteurs de la recherche et de l’enseignement, une véritable autonomie scientifique et pédagogique par rapport au politique (qui n’implique aucunement un désintérêt pour les demandes de la société). Contrairement à ce que la référence à l’autonomie des universités veut laisser croire, cette autonomie-là leur est refusée.

- Un renforcement du partenariat entre universités et organismes de recherche, en maintenant le principe d’une double tutelle (locale et nationale) sur les unités mixtes de recherche.

- Une répartition complètement modifiée des affectations de moyens pour l’enseignement supérieur et la recherche prévues dans le budget 2008. Il faut diminuer les crédits affectés à l’ANR et au Crédit Impôt Recherche, pour augmenter ceux versés aux laboratoires par le biais des établissements (universités et organismes de recherche).

- L’octroi aux universités d’un financement par étudiant équivalent à celui des classes préparatoires, des BTS et des écoles professionnelles. Un tel soutien public est la condition indispensable pour pouvoir renouer avec l’ambition de démocratisation scolaire et pour que le financement privé ne conduise pas à un contrôle des activités d’enseignement supérieur et de recherche par le privé.

- Un plan pluriannuel de création d’emplois (chercheurs, enseignants-chercheurs, ingénieurs, techniciens, administratifs) afin de pouvoir renforcer l’encadrement pédagogique en premier cycle, sans recourir à des heures supplémentaires : il importe d’augmenter le temps que les enseignants-chercheurs peuvent consacrer à la recherche, pas de le diminuer ! La moitié de l’augmentation du Crédit Impôt Recherche suffirait pour mettre ce plan en place.

Nous demandons que les principes défendus ici soient pris en compte, et se traduisent dans les faits par un changement net de la politique menée actuellement. Nous demandons que soient clairement explicitées les perspectives d’évolution de notre système, et que toute nouvelle décision engageant son avenir soit précédée d’une concertation avec les instances véritablement représentatives des personnels. Dès à présent, nous nous attacherons à animer le débat sur ces questions auprès de nos collègues et concitoyens. Prochainement, un bilan sera fait de la prise en compte de ces demandes, notamment par la commission d’Aubert, et à travers les budgets affectés aux universités et aux organismes de recherche. Si ce bilan ne fait pas apparaître les garanties indispensables et que se confirment les menaces sur l’avenir des organismes de recherche, nous mettrons en oeuvre d’autres moyens d’action pour stopper cette évolution.